Campagne américaine - La gaffe de Jesse Jackson fait resurgir la question raciale

Barack Obama faisait campagne à New York hier en compagnie d’Hillary Clinton.
Photo: Agence Reuters Barack Obama faisait campagne à New York hier en compagnie d’Hillary Clinton.

Washington — Le dérapage verbal du pasteur noir américain Jesse Jackson à propos du candidat démocrate à la Maison-Blanche, Barack Obama, a remis sur le tapis hier la délicate question raciale dans la campagne présidentielle.

Au terme d'une entrevue sur la chaîne de télévision Fox, le pasteur Jackson, militant des droits civiques, a déclaré à voix basse à un autre invité qu'Obama s'était «mal adressé aux Noirs». «Je veux lui couper les c...», a ajouté l'ancien collaborateur de Martin Luther King, leader noir de la lutte pour les droits civiques, avant de devoir s'excuser tous azimuts dans les médias.

Le pasteur de 66 ans a dit «regretter la grossièreté» de ses propos, et assuré Obama de son soutien «grand, profond et sans équivoque». M. Jackson a expliqué que ses propos visaient à appeler le sénateur à moins stigmatiser les Noirs pour leurs difficultés et à considérer plutôt le gouvernement et les politiques publiques comme responsables de leur situation.

Alors qu'il pourrait être le premier président afro-américain à la Maison-Blanche, le sénateur de l'Illinois, né d'une mère blanche originaire du Kansas et d'un père kényan, a soigneusement évité jusqu'ici de se présenter comme un candidat noir.

Or, certains analystes estiment que l'incident pourrait jouer en faveur de M. Obama, en le distançant de la génération traditionnelle et plus âgée des figures politiques noires américaines, vue avec méfiance par nombre d'électeurs blancs aux revenus modestes dont le soutien sera crucial pour battre le républicain John McCain.

Les sondages effectués pendant les primaires démocrates face à Hillary Clinton ont montré que M. Obama peinait à percer auprès de cette catégorie d'électeurs, particulièrement échaudés par les propos de l'ancien pasteur du candidat.

Le prétendant à la Maison-Blanche avait dû se distancer de son ami et pasteur Jeremiah Wright, qui avait lancé lors d'un sermon «que Dieu maudisse l'Amérique!» en raison du racisme aux États-Unis.

Dans une tentative de tourner la page, le sénateur avait ensuite prononcé un discours très remarqué sur le racisme, celui des Noirs comme celui des Blancs.

Puis, à la mi-juin, Barack Obama avait saisi l'occasion de la fête des Pères pour appeler tous les hommes concernés, et en particulier les Noirs, à prendre leurs responsabilités dans les familles en perdition et les quartiers difficiles.

Il avait dénoncé les pères absents «qui ont fui leurs responsabilités et se comportent comme des gamins, pas comme des hommes». «Vous et moi savons à quel point c'est vrai dans la communauté noire», avait-il ajouté.

«Comme quelqu'un qui a grandi sans père à la maison, le sénateur Obama a écrit et tenu des discours pendant de nombreuses années sur le rôle des parents, et notamment sur l'importance que les pères soient présents dans la vie de leurs enfants», a expliqué Bill Burton, un porte-parole de campagne de Barack Obama dans un communiqué.

M. Obama «va continuer de souligner l'importance de nos responsabilités les uns envers les autres, et bien évidemment, il accepte les excuses du pasteur Jackson», a ajouté M. Burton.

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