Primaires américaines - Cap au sud pour les républicains, les démocrates à la conquête de l'ouest
Columbia — Relancée par la victoire de Mitt Romney au Michigan, la course à l'investiture républicaine s'est déplacée hier dans le Sud, plus traditionaliste, tandis que les présidentiables démocrates mettaient cap à l'ouest après avoir affiché une trêve.
Avant même l'annonce des résultats du Michigan mardi soir, les deux favoris de la primaire républicaine de la Caroline du Sud de samedi, Mike Huckabee et John McCain, avaient pris leurs quartiers dans cet État lourdement influencé par les chrétiens évangéliques et une tradition militariste.L'ex-pasteur évangélique de l'Arkansas Mike Huckabee espère renouveler la victoire remportée le 3 janvier en Iowa grâce au soutien des chrétiens conservateurs, avec sa devise «Foi, famille, liberté». «Les gens sont très conservateurs [en Caroline du Sud], c'est pour ça que nous avons l'impression que nous allons gagner», a-t-il dit hier sur la chaîne de télévision Fox News.
En face, John McCain, vainqueur la semaine dernière au New Hampshire, peut compter sur son aura de héros de la guerre du Vietnam pour séduire l'électorat militariste. Mais M. McCain a une histoire compliquée en Caroline du Sud où, en 2000, ses ambitions présidentielles s'étaient fracassées sur la machine Bush avec la diffusion d'un tract diffamatoire lui prêtant un enfant illégitime métis (il a en fait adopté sa fille Bridget au Bangladesh).
Son équipe a dénoncé hier une nouvelle campagne de tracts l'accusant d'avoir collaboré avec ses geôliers nord-vietnamiens.
Une synthèse des récents sondages en Caroline du Sud réalisée par le site Internet RealClearPolitics crédite M. Huckabee d'un léger avantage de 3,7 points.
M. Romney, un homme d'affaires mormon millionnaire, a rejoint ses adversaires dans l'État hier et a décidé d'intensifier ses attaques contre M. McCain, 71 ans, sénateur de l'Arizona depuis 21 ans, qu'il décrit comme une incarnation du système washingtonien.
Côté démocrate, la primaire de la Caroline du Sud n'ayant lieu que le 26 janvier, les candidats ont mis le cap à l'ouest au lendemain d'un débat qui a frappé les observateurs par la camaraderie affichée, après une semaine d'échanges acides entre les équipes de Hillary Clinton et de Barack Obama sur le thème du racisme et des droits civiques des Noirs.
Lors d'un débat organisé mardi à Las Vegas, l'ex-première dame a affirmé d'emblée que «le plus important est que le sénateur Obama et moi sommes entièrement d'accord pour dire que ni la race ni le sexe ne doivent être des facteurs dans cette campagne».
Samedi, le Nevada organise des assemblées d'électeurs (caucus) côté républicain et côté démocrate.
Longtemps créditée d'une large avance au Nevada, Mme Clinton est menacée par M. Obama, qui a remporté le soutien des grands syndicats du secteur hôtelier, crucial dans l'économie de cet État centrée sur les casinos.
Mme Clinton table notamment sur ses propositions à caractère économique pour l'emporter. «Avec les indicateurs quotidiens montrant que le pays pourrait entrer en récession, Hillary va se concentrer au cours des prochaines semaines sur l'économie, elle va prendre le temps d'écouter les salariés, les propriétaires de petites entreprises, les parents qui travaillent, les agriculteurs et ceux qui font marcher le pays jour après jour», a promis son équipe de campagne dans un nouveau courriel.
M. Obama a également entrepris d'accentuer la thématique économique, qui devait être au centre d'une table ronde organisée en fin de journée en Californie, un État où risque de se jouer l'investiture démocrate lors du «super mardi» du 5 février.