Bush imposera son veto - Le Sénat lie le financement de la guerre en Irak à un retrait militaire

Washington — Le Sénat américain a adopté hier un projet de loi liant le financement de la guerre en Irak à un calendrier de retrait des troupes, illustrant l'affrontement ouvert entre le Congrès démocrate et George W. Bush.

Quelques minutes avant le vote, le président américain a répété qu'il opposerait son veto à ce texte fixant l'objectif d'un retrait pratiquement terminé dans un an, car il «restreint l'action [des] commandants sur le terrain en Irak». Certains démocrates «croient qu'ils peuvent me forcer à accepter qu'on impose à nos commandants des restrictions qui selon moi rendent le retrait et la défaite plus probables. Cela n'arrivera pas», avait-il dit mercredi.

«Monsieur le président, calmez-vous, il y a un nouveau Congrès en ville», a rétorqué hier le chef de la majorité du Sénat, Harry Reid, soulignant qu'un veto ferait de M. Bush le président le plus défavorable aux militaires de toute l'histoire américaine.

L'adoption du texte hier, par 51 voix contre 47, constitue une remise en cause éclatante de l'autorité du président américain, qui accuse ses adversaires de sacrifier l'intérêt national à la politique politicienne.

Les démocrate, de leur côté, accusent l'administration Bush de s'accrocher à une stratégie ratée, qui a permis à la guerre de s'éterniser sur plus de quatre ans, avec un coût colossal en vies et en argent (plus de 3200 militaires tués, quelque 500 milliards de dollars débloqués).

D'ici un mois, le projet de loi destiné à financer les opérations militaires en Irak et en Afghanistan pour 2007 pourrait théoriquement être adopté dans sa version définitive par les deux Chambres du Congrès.

La Chambre des représentants en avait adopté la semaine dernière une version légèrement différente, et les deux textes vont désormais devoir être harmonisés.

Le texte du Sénat dégage quelque 122 milliards de dollars, principalement pour financer les opérations militaires en Irak et en Afghanistan cette année. Cette somme, qui dépasse d'une vingtaine de milliards l'enveloppe réclamée par l'administration, inclut une rallonge en faveur des militaires rentrés blessés du champ de bataille.

Surtout, les démocrates ont réussi pour la première fois, grâce à la défection de deux élus républicains, à ce que le Sénat appuie l'objectif d'un retrait de l'essentiel des troupes de combat au 31 mars 2008, ce qui est globalement conforme aux recommandations livrées en décembre par le groupe d'études sur l'Irak, coprésidé par l'ancien secrétaire d'État James Baker. Aux termes du texte sénatorial, le retrait devrait commencer dans quatre mois.

Le désir de négocier affiché par les démocrates se heurte à un mur à la Maison-Blanche.

À voir en vidéo