La Chine assure respecter la souveraineté des pays de l’ex-URSS

La Chine a assuré lundi qu’elle respectait le « statut d’État souverain » des pays de l’ex-URSS, après les déclarations controversées de son ambassadeur à Paris, dénoncées avec force par le président français, Emmanuel Macron.
« La Chine respecte le statut d’État souverain des républiques » nées après la dissolution de l’Union soviétique fin 1991, a déclaré à la presse la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning.
Prenant ses distances avec les propos du diplomate en poste dans la capitale française, elle a assuré que la Chine « respecte la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les pays et soutient les objectifs et les principes de la Charte des Nations unies ».
L’ambassadeur chinois en France, Lu Shaye, questionné sur la chaîne française d’informations LCI à propos de la province ukrainienne de Crimée annexée depuis 2014 par Moscou, avait nié vendredi soir la souveraineté d’ex-républiques soviétiques. Les pays de l’ex-URSS « n’ont pas le statut effectif dans le droit international parce qu’il n’y a pas d’accord international pour concrétiser leur statut de pays souverain », avait-il déclaré, provoquant une vague d’indignation.
« Mises au point très fermes »
« Je pense que ce n’est pas la place d’un diplomate de tenir ce type de langage », a réagi lundi le président français, Emmanuel Macron, en marge d’un sommet à Ostende, en Belgique. « Donc, pleine solidarité aux pays qui ont été attaqués dans la lecture de leur histoire et de leurs frontières », a-t-il ajouté.
Un entretien lundi entre le directeur de cabinet et l’ambassadeur de Chine devait d’ailleurs être « l’occasion de mises au point très fermes », a indiqué le ministère français des Affaires étrangères à l’AFP.
Les propos de l’ambassadeur chinois ont aussi été qualifiés d’« inacceptables » par le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrel, pour lequel « l’UE ne peut que supposer que ces déclarations ne représentent pas la position officielle de la Chine ».
Les trois États baltes ont convoqué leurs émissaires chinois « pour leur rappeler que nous ne sommes pas des pays postsoviétiques, mais des pays ayant été illégalement occupés par l’Union soviétique », selon les termes du chef de la diplomatie lituanienne, Gabrielius Landsbergis. Son homologue estonien, Margus Tsahkna, a dénoncé des affirmations « fausses », relevant d’une « interprétation erronée de l’Histoire ». « Selon le droit international, les États baltes sont souverains depuis 1918, mais ils ont été occupés pendant 50 ans » par l’URSS, a-t-il poursuivi.
Des propos « mal interprétés », dit la Chine
Face au tollé, Pékin a marqué sa différence par rapport aux propos de son ambassadeur, qui fait partie des « loups combattants », ce nouveau clan de diplomates chinois ne mâchant pas leurs mots face à un Occident perçu comme systématiquement hostile à Pékin.
« Après l’effondrement de l’Union soviétique, la Chine a été l’un des premiers pays à établir des relations diplomatiques avec les pays concernés », a tenu à préciser Mme Mao. « Depuis l’établissement des relations diplomatiques, la Chine a toujours adhéré au principe du respect mutuel et de l’égalité pour développer des relations bilatérales d’amitié et de coopération. »
« Certains médias ont mal interprété la position de la Chine sur la question ukrainienne et sèment la discorde dans les relations entre la Chine et les pays concernés », a-t-elle encore souligné.
Au sujet de la Crimée, occupée par Moscou depuis 2014, l’ambassadeur Lu avait déclaré que « la Crimée était tout au début à la Russie ». « C’est Khrouchtchev qui a offert la Crimée à l’Ukraine dans l’époque de l’Union soviétique », avait-il affirmé vendredi.
« Tous les pays de l’ex-URSS ont un statut souverain clair inscrit dans le droit international », a riposté Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne, sur Twitter avant d’ironiser : « Si vous voulez être un acteur politique majeur, ne répétez pas comme un perroquet la propagande des Russes. »