Un attentat dans une mosquée du Pakistan fait plus de 80 morts et 150 blessés

L’explosion s’est produite à l’heure de la prière dans ce lieu extrêmement sensible de Peshawar, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec l’Afghanistan.
Zafar Iqbal Agence France-Presse L’explosion s’est produite à l’heure de la prière dans ce lieu extrêmement sensible de Peshawar, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec l’Afghanistan.

Des corps continuaient à être retirés mardi des décombres après l’attentat ayant visé une mosquée située à l’intérieur du quartier général de la police de Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan, qui a fait plus de 80 morts et 150 blessés, dont de nombreux policiers.

L’explosion s’est produite lundi à l’heure de la prière du midi dans ce lieu extrêmement sensible de la ville, située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec l’Afghanistan. Elle a poussé le gouvernement à placer la capitale et le reste du pays, notamment à la frontière avec l’Afghanistan, sous alerte sécurité accrue.

Une opération de secours a immédiatement été lancée pour dégager les personnes prises au piège dans les décombres. Durant la nuit, au moins neuf corps ont été découverts dans ce qu’il restait de la mosquée, dont le toit et un mur se sont écroulés sous le souffle de l’explosion.

« Ce matin, nous allons enlever la dernière partie du toit effondré pour pouvoir récupérer plus de corps. Mais nous sommes pessimistes sur nos chances de trouver d’autres survivants », a déclaré à l’AFP Bilal Ahmad Faizi, un porte-parole du numéro d’urgence 1122.

Muhammad Asim Khan, porte-parole de l’hôpital Lady Reading de Peshawar, a quant à lui indiqué que le bilan était passé à 83 morts, au fur et à mesure de la découverte de nouveaux corps.

Ghulam Ali, gouverneur de la province du Khyber Pakhtunkhwa, dont Peshawar est la capitale, avait annoncé la veille que 150 personnes avaient été blessées. La plupart des victimes sont des policiers.

Au moins 20 d’entre eux ont été enterrés lundi soir lors d’une cérémonie avec garde d’honneur, leurs cercueils alignés et ceints du drapeau pakistanais, a précisé un responsable de la police.

« Créer la panique »

Le quartier général de la police à Peshawar est l’une des zones les mieux surveillées de la ville. Il abrite aussi les locaux de différentes agences de renseignement.

Selon la police, l’explosion est survenue au deuxième rang des fidèles assemblés pour la prière. Des équipes de déminage étaient sur place pour examiner la possibilité qu’elle ait été causée par un attentat suicide.

Shahid Ali, un policier de 47 ans qui a survécu à l’attaque, a expliqué que la détonation était survenue quelques secondes après que l’imam a commencé la prière.

Photo: Abdul Majeed Agence France-Presse Une opération de secours est en cours pour dégager les personnes prises au piège des décombres, le toit et un mur de l’édifice s’étant affaissés sous le souffle de l’explosion.

« J’ai vu une fumée noire s’élever dans le ciel. J’ai couru dehors pour sauver ma vie, a-t-il raconté. Les cris des gens résonnent encore dans ma tête. Ils hurlaient en demandant de l’aide. »

« Les terroristes veulent créer la panique en ciblant ceux qui remplissent leur devoir consistant à défendre le Pakistan, a déclaré dans un communiqué le premier ministre, Shehbaz Sharif. Ceux qui combattent le Pakistan seront éliminés de la surface de la Terre. »

Cet attentat a eu lieu le jour même où le président des Émirats arabes unis, Mohamed ben Zayed Al Nahyan, devait effectuer une visite officielle à Islamabad. Celle-ci a été annulée au dernier moment lundi, officiellement en raison de la météo pluvieuse.

À New York, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a dénoncé une attaque « abjecte » contre « un lieu de culte ».

En mars 2022, un attentat suicide revendiqué par l’EI-K dans une mosquée chiite de Peshawar avait fait 64 morts. Il s’agissait de l’attaque la plus meurtrière au Pakistan depuis 2018.

Attaques ciblées

Selon la police, le kamikaze était un ressortissant afghan installé au Pakistan avec sa famille depuis plusieurs années, qui avait préparé l’attaque en Afghanistan.

Peshawar a été ravagée par des attentats quasi quotidiens pendant la première moitié des années 2010, mais la sécurité s’y était grandement améliorée par la suite. Elle s’est malgré tout à nouveau dégradée depuis quelques mois, la ville ayant surtout connu des attaques ciblées visant d’abord les forces de sécurité.

La prise du pouvoir par les talibans en Afghanistan en août 2021 a d’ailleurs coïncidé avec une détérioration semblable de la sécurité dans l’ensemble du Pakistan.

Menés par les talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), l’EI-K, la branche régionale du groupe jihadiste État islamique (EI), ou des groupes séparatistes baloutches, les attentats ont repris de plus belle après plusieurs années d’un calme relatif.

Le Pakistan reproche aux talibans de laisser ces groupes utiliser le sol afghan pour planifier leurs attaques, ce que Kaboul n’a cessé de nier. Pour l’instant toutefois, aucun groupe n’a revendiqué l’attentat de lundi.

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