L’ONU dénonce de possibles crimes contre l’humanité à l’endroit des Ouïgours

Le gouvernement américain accuse Pékin de commettre un « génocide » dans le Xinjiang. En janvier, l’Assemblée nationale française, emboîtant le pas à la représentation du Royaume-Uni, des Pays Bas ou encore du Canada, avait elle aussi qualifié de « génocide » le traitement des Ouïgours par la Chine.
Getty Images iStock Photo Le gouvernement américain accuse Pékin de commettre un « génocide » dans le Xinjiang. En janvier, l’Assemblée nationale française, emboîtant le pas à la représentation du Royaume-Uni, des Pays Bas ou encore du Canada, avait elle aussi qualifié de « génocide » le traitement des Ouïgours par la Chine.

Le rapport très attendu de l’ONU sur la région chinoise du Xinjiang, publié in extremis mercredi, évoque de possibles « crimes contre l’humanité », fait état de « preuves crédibles » de torture et de violences sexuelles commises contre la minorité ouïgoure et appelle la communauté internationale à agir.

« L’ampleur de la détention arbitraire et discriminatoire de membres des Ouïgours et d’autres groupes à prédominance musulmane […] peut constituer des crimes internationaux, en particulier des crimes contre l’humanité », indique le rapport d’un peu moins de cinquante pages dans ses conclusions.

S’il ne semble pas comporter de révélations par rapport à ce qui était déjà connu de la situation dans le Xinjiang, ce document apporte le sceau de l’ONU aux accusations portées de longue date contre les autorités chinoises.

Sa publication avait fait l’objet de pressions intenses de la part des partisans pour qu’elle soit mise en oeuvre — notamment des États-Unis et des grandes ONG de défense des droits de la personne — et, à l’inverse, pour l’empêcher de voir la lumière du jour de la part de Pékin, qui considère le rapport comme une « farce » orchestrée par les Occidentaux, Washington en tête.

Torture, violences sexuelles

 

Dans ce document, l’ONU a appelé la communauté internationale à agir d’urgence face aux accusations de torture et de violences sexuelles perpétrées dans la région chinoise du Xinjiang que l’organisation juge « crédibles ».

« Les allégations faisant état de pratiques récurrentes de la torture ou de mauvais traitements, notamment de traitements médicaux forcés et de mauvaises conditions de détention, sont crédibles, tout comme le sont les allégations individuelles de violences sexuelles et fondées sur le genre », écrit le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme dans le rapport.

« Mieux vaut tard que jamais. Ce sera un moment décisif », avait déclaré à l’AFP Sophie Richardson, directrice de l’ONG Human Rights Watch pour la Chine, avant la sortie du document. Elle estimait que cela allait montrer « qu’aucun État n’est au-dessus des lois ».

Plus que le contenu, c’est l’existence et la publication du document qui sont importantes à ses yeux, parce que cela va obliger le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à se saisir du dossier.

Accusations de génocide

 

Une recherche rapide dans le texte de l’ONU ne fait pas apparaître le mot « génocide », mais plutôt une accusation portée contre Pékin par le gouvernement américain. En janvier, l’Assemblée nationale française, emboîtant le pas à la représentation du Royaume-Uni, des Pays-Bas ou encore du Canada, avait elle aussi qualifié de « génocide » le traitement des Ouïgours par la Chine.

Des études occidentales, fondées sur des interprétations de documents officiels, des témoignages de victimes présumées et des extrapolations statistiques, accusent Pékin d’avoir interné dans des « camps » au moins un million de personnes, majoritairement ouïgoures, d’effectuer des stérilisations et des avortements « forcés », ou encore d’imposer du « travail forcé ».

La Chine dément ces accusations.

À voir en vidéo