Shanghai reprend vie après deux mois de confinement

« C’est comme si le mur de Berlin était tombé » : Shanghai retournait à la vie mercredi avec l’assouplissement de nombreuses restrictions anti-COVID-19, après deux mois d’un confinement éreintant pour ses 25 millions d’habitants.
La capitale économique chinoise, ville la plus cosmopolite du pays, a été confinée par étapes à partir de la fin mars, en réponse à une flambée épidémique à l’échelle nationale, la plus virulente depuis 2020. Après avoir déjà assoupli plusieurs restrictions ces dernières semaines, les autorités permettent depuis mercredi aux habitants de zones jugées à « faible risque » de se déplacer librement dans la ville.
« On a l’impression d’avoir tous vécu un grand traumatisme collectif », a déclaré à l’AFP Grace Guan, une Shanghaïenne de 35 ans. Elle dit être sortie dès minuit dans les rues, où plusieurs personnes étaient en train de célébrer l’événement bière à la main. « C’est comme si le mur de Berlin était tombé », a-t-elle indiqué.
Des ouvriers procédaient mercredi au démontage des hautes barrières jaunes qui encerclaient les immeubles. Et des badauds, masqués, profitaient de leurs premiers pas de liberté. La célèbre artère historique du Bund, située en bordure du fleuve Huangpu, qui traverse la ville, s’animait avec des habitants qui se prenaient en photo devant l’emblématique paysage de gratte-ciel de l’autre rive.
C’est comme si le mur de Berlin était tombé
« C’est le moment que nous attendions depuis longtemps », a publié la mairie de Shanghai sur les réseaux sociaux.
Les habitants affluaient dans les stations de métro et les bus, de nouveau opérationnels, et d’autres bavardaient dans des parcs de la ville, formant parfois de petits groupes.
« Pendant deux mois, la seule chose dont il fallait se soucier, c’était d’acheter à manger. Alors aujourd’hui, j’ai envie de me faire plaisir et d’acheter des vêtements », a raconté à l’AFP Annie Xu, une Shanghaïenne de 33 ans rencontrée dans une boutique de luxe.
Centres commerciaux, supérettes et salons de beauté ne peuvent toutefois fonctionner qu’à 75 % de leur capacité. Parcs et sites touristiques ne rouvrent que progressivement. Les salles de sport et les cinémas restent quant à eux fermés, et la réouverture des établissements scolaires se fera au cas par cas. Le port du masque reste obligatoire.

Mais les déplacements en taxi ou en voiture particulière sont autorisés dans les zones à faible risque.
Les autorités ont toutefois lancé un avertissement : le retour total à la normale n’est pas pour tout de suite, et plus d’un demi-million de personnes restent soumises à des restrictions. « Il convient pour l’heure de ne pas baisser la garde, afin de consolider nos acquis en matière de prévention et de contrôle de l’épidémie », ont-elles souligné.
Inquiétudes économiques
La Chine continue d’appliquer une stratégie sanitaire zéro COVID, qui consiste notamment à imposer quarantaines et confinements dès l’apparition de quelques cas. Cette politique a prévenu de nombreux décès, mais a porté un rude coup aux entreprises. La mairie de Shanghai a concédé « qu’accélérer la reprise économique et sociale est désormais de plus en plus urgent ».

Car si beaucoup d’usines et de commerces peuvent rouvrir, certains restent fermés. « Bien sûr que j’ai quelques craintes. Mais tout cela nous dépasse. […] Tu ne peux rien planifier avec une épidémie », déclare à l’AFP Chen Ribin, propriétaire d’un café. « Qui sait si ça ne reviendra pas en juillet ou en août ? […] Je pense qu’il nous faudra deux, trois mois pour retrouver le niveau d’activité qu’on avait auparavant… »
On a l’impression d’avoir tous vécu un grand traumatisme collectif
Le ministère de la Santé a rapporté mercredi la détection de seulement 15 nouveaux cas positifs à Shanghai sur les dernières 24 heures — contre plus de 25 000 encore fin avril.
Des restrictions avaient déjà été assouplies à la faveur du reflux de l’épidémie, mais les Shanghaïens ne pouvaient généralement sortir, au mieux, que pour quelques heures par jour — et à condition d’être dans un quartier sans cas positif. Beaucoup d’habitants étaient aussi exaspérés par les problèmes d’approvisionnement en produits frais et d’accès aux soins médicaux hors COVID.
Le confinement de Shanghai est le deuxième en durée en Chine depuis le début de la pandémie. En 2020, celui de Wuhan, première ville au monde touchée par l’épidémie, avait duré 76 jours.
La situation sanitaire empire en Corée du Nord, estime l’OMS
La Corée du Nord est toujours aux prises avec une vague de COVID-19, estime l’OMS, qui déplore le manque d’information et de coopération des autorités de Pyongyang, qui assurent de leur côté que le nombre de cas de « fièvre » baisse.
« À l’heure actuelle, nous ne sommes pas en mesure de faire une évaluation correcte de la situation sur le terrain. Nous partons du principe que les choses sont en train d’empirer, pas de s’améliorer », a déclaré mercredi le Dr Michael Ryan, responsable des situations d’urgence de l’agence onusienne. « Il est très très difficile de fournir une analyse correcte au reste du monde quand nous ne disposons pas des données nécessaires. »
Selon la Dre Maria van Kerkhove, chargée de la gestion de la réponse à la pandémie au sein de l’OMS, la Corée du Nord a enregistré un total de 3,7 millions de cas de COVID-19.
Les autorités nord-coréennes ne parlent officiellement que de « fièvre ». Jeudi, l’agence officielle KCNA recensait 96 610 nouveaux cas quotidiens, contre 390 000 signalés chaque jour au début mai. Le bilan officiel total est de plus de 3,8 millions de contaminations et de 69 décès.
Les 25 millions de Nord-Coréens ne sont pas vaccinés, et le système de santé du pays est l’un des pires au monde.