Bangkok s’insurge contre le gouvernement

Plusieurs milliers de manifestants ont défilé dimanche en voiture ou à deux roues à Bangkok, capitale de la Thaïlande, pour demander la démission du premier ministre, Prayuth Chan-O-Cha, de plus en plus critiqué pour sa gestion de la crise du coronavirus et ses impacts sur l’économie. Des centaines de voitures et de deux roues ont engorgé certains axes du centre de la capitale thaïlandaise dans un concert de klaxons, de nombreux piétons faisant, sur leur passage, le salut à trois doigts en signe de résistance aux autorités.
« Nous demandons la démission immédiate de Prayuth Chan-O-Cha. Il n’a aucune capacité à administrer ce pays », a lancé Nattawut Saikua, l’un des organisateurs, proche de l’ex-premier ministre Thaksin Shinawatra, bête noire du gouvernement actuel.
En fin de journée, la police a fait usage de canons à eau contre des protestataires à pied qui ont lancé des projectiles contre les forces de l’ordre. D’autres rassemblements de moindre ampleur ont été organisés dans la station balnéaire de Pattaya et à Chiang Mai, dans le nord du pays.
Le mouvement prodémocratie porté par la jeunesse thaïlandaise a poussé des dizaines de milliers de personnes dans les rues en 2020 pour demander le départ de Prayuth Chan-O-Cha, au pouvoir depuis le coup d’État de 2014, et une réforme de la monarchie, un sujet tabou auparavant dans le pays.
La contestation avait faibli ces derniers mois à cause des restrictions liées à la COVID-19 et des poursuites judiciaires engagées contre des dizaines de protestataires. Mais le mouvement a repris de la vigueur depuis une semaine avec des manifestations quasi quotidiennes à Bangkok.
En cause, la flambée de COVID-19, avec plus de 20 000 nouveaux cas quotidiens, la lenteur de la campagne vaccinale et l’impact économique des restrictions (augmentation du chômage, fermeture définitive de nombreux commerces…). « Le gouvernement a montré clairement qu’il ne voulait pas être tenu pour responsable pour toutes les pertes engendrées […] il doit démissionner », a lancé Nattawut Saikua.
Les derniers rassemblements ont donné lieu à des affrontements, la police faisant usage de canons à eau, de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour disperser les gens. Au moins trois manifestants ont été blessés vendredi, dont un grièvement à l’œil.
Accusée de faire preuve d’une trop grande fermeté, la police a déclaré que le recours à la force était nécessaire pour maintenir l’ordre public. « J’insiste sur le fait que nous nous appuyons sur les normes internationales », a déclaré dimanche Suwat Jangyodsuk, le chef de la police nationale. « Les rassemblements sont interdits à Bangkok car ils pourraient propager la pandémie. »
Depuis un mois, plus de 130 manifestants ont été arrêtés. La plupart ont été libérés sous caution dans l’attente de leur procès, selon Suwat Jangyodsuk.