Malaisie: le politicien Anwar Ibrahim se rapproche de son but

Anwar Ibrahim (au centre) a passé trois ans en prison pour sodomie, un crime dans ce pays d’Asie du Sud-Est à majorité musulmane. 
Photo: Roslan Rahman Agence France-Presse Anwar Ibrahim (au centre) a passé trois ans en prison pour sodomie, un crime dans ce pays d’Asie du Sud-Est à majorité musulmane. 

La libération de prison en Malaisie d’Anwar Ibrahim marque un nouveau tournant dans la vie de cet ambitieux homme politique qui n’a jamais été aussi près de diriger le pays après avoir été ministre, détenu et opposant.

Personnalité charismatique, Anwar a été gracié mercredi après avoir passé trois ans en prison pour sodomie, un crime dans ce pays d’Asie du Sud-Est à majorité musulmane. Cette condamnation en 2015, largement dénoncée comme politiquement motivée, a été annulée peu après la récente défaite aux élections du régime au pouvoir depuis 61 ans, sous lequel l’opposant avait été emprisonné.

Ses victoires politiques et condamnations ont à la fois captivé et consterné les Malaisiens depuis les années 1990. Anwar s’était hissé au sommet du pouvoir en devenant vice-premier ministre, avant de tomber en disgrâce puis de renaître dans les rangs de l’opposition.

Ses espoirs de diriger le pays n’ont jamais été aussi près de se réaliser depuis la victoire aux législatives du 10 mai de Mahathir Mohamad — son ex-ennemi juré redevenu premier ministre à 92 ans —, qui a promis pendant la campagne de lui céder la place en cas de succès.

La carrière politique d’Anwar semblait pourtant terminée en 2015, quand il a été condamné pour sodomie sur un jeune collaborateur, accusation qu’il a toujours vigoureusement contestée.

« Aller en prison, je considère cela comme un sacrifice à faire pour la population de ce pays », avait-il alors dit, en ajoutant : « Je me suis battu une grande partie de ma vie pour la population de ce pays, et je suis prêt à aller en prison ou à faire face à toute autre conséquence ».

Au cours de sa longue carrière, Anwar a changé de couleurs politiques, tel un caméléon, en vue d’atteindre son objectif qui est de diriger cette nation multiethnique de 32 millions d’habitants.

Il s’est fait connaître pour la première fois dans les années 1970 en tant que leader étudiant islamiste participant à des manifestations dénonçant une famine en milieu rural, ce qui lui a valu une première peine de prison sous un régime autoritaire.

Par la suite, il a surpris nombre de sympathisants en rejoignant l’Organisation nationale des Malais unis (UMNO) au pouvoir, avant d’être remarqué par Mahathir, qui fut un premier ministre autoritaire, de 1981 à 2003, et est toujours une personnalité influente.

Politicien né et orateur plein d’esprit, Anwar a rapidement gravi les échelons et occupé des postes de ministre, notamment aux Finances en 1991, en se présentant comme un réformateur et en faisant l’éloge de l’Occident.

Deux ans plus tard, il est devenu vice-premier ministre, mais des divergences avec le premier ministre Mahathir sur la gestion de la crise financière asiatique en 1998 ont mal fini. Limogé par Mahathir, Anwar a ensuite été condamné à six ans de prison pour sodomie et corruption.

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