Le projet de réforme de la Constitution fait des morts
Katmandou — Huit policiers ont été tués lundi dans l’ouest du Népal lors de heurts avec des manifestants opposés au projet de Constitution, qui ont attaqué les forces de l’ordre avec des couteaux, des haches et des lances.
Le gouvernement a annoncé un couvre-feu et l’envoi de l’armée après les violences survenues dans le district de Kailali, dans l’extrême ouest du pays, où les autorités évoquent la mort possible également de trois manifestants.
« Jusque-là, je peux confirmer que huit membres de nos forces de sécurité ont été tués, dont deux paramilitaires », a déclaré le porte-parole du ministère de l’Intérieur Laxmi Prasad Dhakal.
Les violences entre forces de l’ordre et manifestants ont éclaté lors d’une protestation de membres de la minorité Tharu, qui réclament une province séparée.
Selon le ministre de l’Intérieur, Bam Dev Gautam, qui est intervenu au Parlement, les policiers tentaient d’empêcher les manifestants d’entrer dans des zones d’accès limité et de vandaliser des bâtiments gouvernementaux dans la ville de Tikapur, à 420 kilomètres à l’ouest de Katmandou.
« Tout d’un coup, les manifestants ont encerclé les policiers et les ont attaqués avec des couteaux, des haches, des faucilles et des lances », a affirmé M. Gautam, ajoutant qu’ils avaient aussi mis le feu à un paramilitaire, sans préciser si celui-ci avait survécu.
Plus de 40 membres de forces de sécurité ont été blessés et envoyés à l’hôpital de Takipur, a indiqué le chef du district Raj Kumar Shrestha.
Son adjoint Udaya Bahadur Singh Thakuri a dit craindre un nombre de morts plus élevé. « Des informations font état de la mort de trois manifestants, nous essayons de confirmer » le détail de ces informations, a-t-il ajouté.
Un projet contesté
Le projet de nouvelle Constitution présenté dimanche au Parlement doit permettre au Népal de se muer en État fédéral constitué de sept provinces.
Pour les manifestants, les frontières de ces provinces vont être défavorables aux communautés historiquement marginalisées dans le pays.
Le ministre de l’Intérieur, Bam Dev Gautam, a annoncé l’envoi de militaires dans la région en proie aux violences afin de ramener le calme.
« Au moment où nous nous préparons à une nouvelle ère, nous appelons à ne pas participer à des activités qui perturbent l’harmonie sociale et alimentent la haine ethnique », a déclaré le ministre devant les membres de l’Assemblée constituante.
Les principaux partis népalais ont trouvé en juin un accord sur le projet de Constitution, quelques semaines après un séisme meurtrier qui a poussé les dirigeants politiques du pays à mettre fin à des années de dissension.
Les consultations sur la loi fondamentale avaient commencé en 2008, deux ans après la fin d’une insurrection maoïste qui avait fait plus de 16000 morts en dix ans et débouché sur la fin de la monarchie hindoue qui durait depuis 240 ans.