Les Népalais terrifiés par un nouveau séisme

Il a fallu de nouveau s’accrocher à la montagne. Elle s’est remise à trembler en début d’après-midi mardi, alors qu’on digérait la ration de riz et de lentilles, un incontournable du quotidien des Népalais. Barpak n’était pas cette fois l’épicentre du séisme, plutôt situé à l’est de Katmandou. Mais le long moment de la secousse a ravivé les peurs.
Même après plusieurs minutes, les jambes tremblent encore, la terre ne retrouve plus sa fermeté. Les enfants poussés dehors par leurs parents se mettent à pleurer, les sourcils froncés disent la panique sourde. Rassemblés sur les bandes de terrain devant les maisons, on se tient loin des murs en attendant les contrecoups qui ne tarderont pas à venir. Les hommes perchés sur le flanc principal de Barpak se mettent à crier aux ouvriers de descendre des maisons qu’ils commençaient tout juste à arracher de la poussière.
Les répliques sont pourtant quotidiennes depuis le grand tremblement, mais celle-ci ramène à la condition d’impuissance. Une radio grésillante crache quelques nouvelles. Les cellulaires s’activent sur un réseau engorgé, pour prendre des nouvelles de la famille et des amis.
Les proches joints dans la capitale parlent du trafic pour fuir la ville, d’une vingtaine d’édifices effondrés. Les espaces ouverts à Katmandou se remplissent à nouveau, alors qu’ils venaient d’être vidés des dernières tentes. « Reste en sécurité, reste dehors », se dit sur toutes les lignes téléphoniques, tous les messages.
Isolement grandissant
À l’instar de l’aide dans les derniers jours, les nouvelles arrivent au compte-gouttes. L’isolement se fait plus aigu, alors que lundi soir Barpak avait retrouvé son contact avec le monde grâce à deux Français de l’organisme Électriciens sans frontières. Sur le terrain de sport au centre du village, une lumière branchée sur une génératrice tenait lieu d’aimant. Une cinquantaine de personnes rechargeaient leurs petits appareils sous une grande bâche pour protéger de la pluie. La simple sonnerie d’un cellulaire n’aura jamais été aussi retentissante. Geste symbolique peut-être, mais très apprécié après deux semaines de silence. La prochaine étape des allumeurs de réverbères : Laprak, village sur un autre versant, complètement coupé des ondes cellulaires et donc difficile à faire entrer dans le circuit de distribution d’urgence.
Dans les zones touchées par le premier tremblement de terre du 25 avril dernier, la vie reprenait pourtant ses droits sur la catastrophe. À Barpak, tous ceux qui disposent de suffisamment de bras ont déjà commencé à dégager les décombres, à classer les pierres, voire à construire un espace temporaire plus grand et plus solide pour tenir le temps de la mousson.
À la queue leu leu dans la montagne, on serpente en valse dans les sentiers pour amener des sacs de couchage, du riz, des produits d’hygiène personnelle, des tentes, etc. Mardi, après ce deuxième tremblement de terre, des porteurs rebroussent chemin devant des éboulis sur le sentier. Les dégâts sont finalement mineurs, mais les glissements de terrain menacent toute la région, avertit la Croix-Rouge.
Un autre tremblement de terre majeur

Ces nouvelles secousses ont poussé les habitants de Katmandou, pris de panique, à courir dans les rues pour éviter l’effondrement de bâtiments fragilisés (notre photo) par le séisme du 25 avril qui avait provoqué la mort de plus de 8000 personnes. Il a été ressenti jusqu’à New Delhi, à 1000 km de là. Il a également provoqué l’effondrement de bâtiments au Tibet.
La télévision népalaise a montré des bâtiments historiques se balançant, tandis que les zones rurales ont été touchées par de nouveaux glissements de terrain.
Un hélicoptère militaire américain transportant six marines et deux militaires népalais qui participaient aux opérations humanitaires a disparu près de Charikot.
Le séisme, qui s’est produit à 76 km à l’est de Katmandou, était un peu moins fort que celui du 25 avril, dont la magnitude était de 7,8.
Agence France-Presse