La région de l’épicentre du séisme est presque totalement dévastée

Dans la région de Laprak, les gens vivent dans des tentes de fortune.
Photo: Saijad Hussein Agence France-Presse Dans la région de Laprak, les gens vivent dans des tentes de fortune.

Pratiquement toutes les habitations ont été détruites dans certaines villes et plusieurs villages près de la zone de l’épicentre du séisme au Népal qui a fait près de 6000 morts, a annoncé jeudi la Croix-Rouge.

La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FISCR) a affirmé qu’elle restait extrêmement préoccupée par le sort de centaines de milliers de personnes dans ce pays himalayen cinq jours après ce très fort séisme.

« Six équipes de la Croix-Rouge chargées de l’évaluation des dégâts rapportent que certaines villes et des villages dans les districts les plus durement touchés près de l’épicentre ont connu une dévastation presque totale », a indiqué l’organisation. « Les habitants de la région sont dans une situation désespérée », selon les experts de la Croix-Rouge.

Creuser à mains nues

« L’une de nos équipes qui est revenue de Chautara dans le district de Sindupalchowk [région montagneuse au nord-est de Katmandou] a indiqué que 90 % des habitations y avaient été détruites, a expliqué Jagan Chapagain, responsable de la division Asie Pacifique de la FISCR. L’hôpital s’est effondré et des gens creusent à mains nues dans les décombres dans l’espoir de trouver des membres encore vivants de leurs familles. Nous pouvons nous attendre à ce que la situation soit la même, si ce n’est pire, en beaucoup d’autres endroits où l’aide n’est pas encore parvenue. »

La FISCR a souligné qu’on évaluait à jusqu’à 40 000 le nombre des maisons détruites dans le seul district de Sindupalchowk, où, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 1400 personnes ont péri.

La Société de la Croix-Rouge du Népal a de son côté annoncé qu’elle avait pratiquement épuisé ses stocks d’aide qui n’étaient suffisants que pour 19 000 familles.

Selon l’ONU, quelque 70 000 maisons ont été détruites et 530 000 endommagées dans 39 des 75 districts du pays.

Secours limités

 

Dans son dernier rapport sur la situation, l’ONU souligne que les opérations de recherche et de secours (SAR) sont encore très limitées en dehors de Katmandou. « Certains villages ne peuvent être atteints qu’à pied, parfois à quatre à cinq jours de marche. Les quantités d’essence pour transporter les équipes SAR sont limitées », indique-t-il.

Cinq jours dans les décombres

 

Les sauveteurs ont sorti un adolescent de 15 ans et une jeune femme des décombres de Katmandou jeudi. Le sauvetage de Pemba Tamang, qui a raconté avoir survécu en buvant du beurre clarifié, a été salué comme un miracle et accueilli par des applaudissements de la foule rassemblée autour des gravats qui le retenaient prisonnier. Quelques heures plus tard, une femme d’une trentaine d’années a été retrouvée indemne sous les gravats d’une guesthouse grâce à un système d’écoute de secouristes français.

Ces découvertes offrent une rare éclaircie dans un horizon très sombre pour le Népal, les coordinateurs de l’aide ayant prévenu que certains villages très touchés ne pouvaient être rejoints qu’après cinq jours de marche.

« Je ne pensais pas m’en sortir vivant », a dit Pemba depuis le campement hospitalier israélien où il a été placé en observation. Il a raconté qu’il était en train de déjeuner près de la réception quand le sol s’est mis à trembler. « J’ai essayé de courir mais quelque chose est tombé sur ma tête et j’ai perdu connaissance, je ne sais pas pendant combien de temps », a-t-il dit.

Un souffle

 

Quant à la femme, les secouristes l’ont localisée grâce à l’écoute d’une respiration sous les gravats. « On a entendu un simple souffle qui nous a indiqué qu’il y avait sûrement quelqu’un dessous. Elle va bien et je pense qu’elle va s’en sortir sans problème. Elle est jeune et robuste, elle l’a prouvé en restant dans ce trou », a commenté un secouriste.

Un autre homme, Rishi Khanal, avait été retiré vivant mardi soir des gravats par des sauveteurs français après avoir été coincé 82 heures. Le jeune homme de 28 ans va devoir être amputé d’une jambe.

Appel de l’ONU

Les Nations unies ont lancé un appel de fonds de 415 millions de dollars pour les millions de rescapés qui manquent cruellement de vivres, de médicaments et d’eau potable dans la capitale Katmandou et les régions rurales.

Le Fonds monétaire international s’est dit prêt à augmenter le montant de son aide au Népal. Une équipe d’experts sera envoyée sur place dès que possible.

Pour leur part, les autorités népalaises ont annoncé la reprise d’ici la semaine prochaine des ascensions sur l’Everest, une source de recettes cruciales pour le pays, en dépit de l’avalanche déclenchée samedi par le séisme et qui a fait plus de 18 morts.

Même si les répliques du séisme s’estompent, certaines ont encore été ressenties dans la nuit à Katmandou. La population de la capitale est épuisée et contrainte de survivre largement à l’extérieur. « Combien de temps pouvons-nous vivre dans la rue ? », lance désespérée Rajina Maharjan depuis une tente installée devant sa maison endommagée, avec son mari, ses beaux-parents et fils de quatre ans.



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