Birmanie - L’armée conserve ses privilèges
L’armée birmane s’est vue attribuer un budget annuel de 2,4 milliards de dollars, soit un peu plus de 12 % des dépenses totales de l’État, selon des chiffres consultés lundi par l’AFP qui confirment la place très importante des militaires dans le pays.
Le montant, approuvé vendredi par le parlement, représente une baisse de 100 millions de dollars par rapport à l’an passé, mais restera très supérieur aux budgets de l’éducation ou de la santé que le nouveau régime a promis de développer après des décennies de gestion militaire désastreuse.
La Birmanie dépensait 7 dollars par an et par habitant pour la santé publique, soit 1,8 % de son budget, selon un rapport des Nations unies en 2009.
Le budget n’était jamais publié ni même soumis à débat lorsque le pouvoir était entre les mains des militaires. Les analystes estiment que l’armée a puisé à loisir dans les revenus du pétrole et du gaz pendant des décennies.
Des réformes
Mais le président et ex-général, Thein Sein, porté au pouvoir il y a deux ans au terme d’un processus politique pacifique, a depuis entamé de profondes réformes.
Le Parlement a ainsi entièrement examiné le budget 2013-2014, qui représente 19,49 milliards de dollars.
« La loi de planification nationale pour 2013-2014 a été approuvée par le parlement de l’Union la semaine dernière », a indiqué Aye Maung, parlementaire de la Chambre haute pour le Parti du développement des nationalités rakhine (RNDP).
Il a fait état d’un budget d’investissement pour l’armée de 1,25 milliard, un montant « moindre » que l’an passé. Ce chiffre représente 20 % des 6 milliards alloués aux ministères hors frais annexes, tels que les salaires des fonctionnaires, selon la section du budget consulté par l’AFP.
Mais peu de voix devraient s’élever pour dénoncer l’importance du budget militaire, a relevé un député de la Ligue nationale pour la démocratie de l’opposante Aung San Suu Kyi.
« Les dépenses militaires sont intouchables. Nous ne dirons rien sur combien ils dépensent », a-t-il concédé sous couvert de l’anonymat.
L’armée birmane est considérée comme l’une des plus puissantes de la région. De nombreux cessez-le-feu ont été signés depuis plus d’un an avec des groupes de minorités ethniques, mais elle reste lourdement engagée dans des combats dans l’extrême-nord du pays contre les rebelles kachins.