Le « marchand de mort » est arrêté en Thaïlande

Viktor Bout hier à Bangkok.
Photo: Agence Reuters Viktor Bout hier à Bangkok.

Washington — Le Russe Viktor Bout, qui personnifiait le trafiquant d'armes international, malin et insaisissable dans un monde globalisé, a été arrêté hier dans un hôtel de Bangkok.

Viktor Bout et un de ses complices sont accusés de «complot en vue de procurer du soutien matériel à une organisation terroriste», a annoncé un communiqué du procureur général américain.

Il fournissait des armes à plusieurs organisations terroristes et «cela durait depuis un moment», a déclaré Rogene Waite, une porte-parole de la DEA.

Viktor Bout, décrit comme un «marchand de mort» dans un livre sur sa vie, a été interpellé dans un hôtel de luxe à Bangkok à la suite d'un mandat d'arrêt émis par un tribunal thaïlandais pour tentative de tuerie, a annoncé la police thaïlandaise.

Ancien officier de l'armée de l'air soviétique, Viktor Bout, né au Tadjikistan il y a 41 ans, était recherché par Interpol pour avoir violé des embargos de l'ONU contre plusieurs pays, notamment en Afrique.

Il a été accusé d'avoir fourni en armes le chef de guerre du Liberia Charles Taylor, des rebelles congolais ainsi que les talibans et al-Qaïda en Afghanistan jusqu'à la veille du 11-Septembre.

Dans plusieurs rapports d'enquête, l'ONU a dénoncé Victor Bout comme un pionnier d'une mondialisation mafieuse, d'un trafic sans frontières, se jouant des États et de leurs législations. Sa vie a inspiré le personnage joué par l'acteur américain Nicolas Cage dans le film Lord Of War.

«Il est maintenant sous la garde de la division de la répression de la criminalité», a déclaré un responsable thaïlandais, ajoutant: «Nous allons engager des poursuites contre lui ici avant de l'extrader pour un procès dans un autre pays, vraisemblablement les États-Unis.»

«Nous l'avons suivi pendant des mois. Il vient de revenir en Thaïlande aujourd'hui», a encore indiqué l'officier de police.

La Russie pourrait aussi demander l'extradition de Bout, a indiqué une source au sein des forces de l'ordre russes, selon laquelle il est suspect dans de nombreuses enquêtes criminelles en Russie.

Le Trésor américain a annoncé en mars 2007 avoir pris des sanctions contre des entreprises et des individus accusés d'alimenter la guerre en République démocratique du Congo (RDC) par le biais du trafic d'armes et d'or. Sur les sept entreprises visées, trois sont liées à Viktor Bout.

L'hebdomadaire britannique Sunday Times a pour sa part révélé le 17 février 2002 que, selon les services britanniques du renseignement (MI6), Viktor Bout est notamment soupçonné d'avoir fourni al-Qaïda en armes. Le sous-secrétaire au Foreign Office de l'époque Peter Hain avait ainsi lancé une campagne contre Viktor Bout, l'accusant de fournir des rebelles angolais et sierra-léonais en armes en échange de diamants. C'est lui qui l'a surnommé «marchand de mort».

En Belgique, la justice a lancé contre lui un mandat d'arrêt à la suite de l'arrestation de plusieurs de ses lieutenants pour trafic de fausse monnaie.

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