Foeticide féminin: la situation s'aggrave en Inde
C'est, en Inde, le secret le plus mal gardé, écrit le Times of India, et la situation ne fait qu'empirer. Le dernier rapport de l'UNICEF sur la situation des enfants dans le monde indique que le foeticide féminin et le meurtre de bébés filles à la naissance sont des problèmes qui ne se résorbent pas en Inde, malgré les lois adoptées par le gouvernement pour tenter d'enrayer ces comportements.
Des statistiques fraîches montrent que 80 % des districts en Inde ont enregistré depuis 1991 des baisses de la proportion de filles par rapport aux garçons. La situation est la plus grave dans l'État du Punjab, où le sex ratio a diminué de 875 filles pour 1000 garçons en 1991 à 798 filles pour 1000 garçons en 2001. Le Kerala, considéré de longue date comme l'État le plus progressiste de l'Union indienne, est un des rares endroits où les choses se sont un peu améliorées.Dans un pays où de larges pans de la population considèrent toujours, pour des raisons culturelles et économiques liées au système de la dot, qu'une fille est un boulet pour la famille, le rapport de l'UNICEF met en évidence l'échec des lois adoptées par le gouvernement pour lutter contre l'avortement sélectif — facilité par l'accès aux techniques de diagnostic prénatal — et l'infanticide.
Le fait que la situation s'aggrave, dit-on, désole d'autant plus que l'Inde est en pleine croissance économique et que le niveau d'éducation général se relève. Le rapport signale en outre que l'incidence d'avortements serait plus grand en régions urbaines qu'en régions rurales.
«Il faudrait, pour s'attaquer efficacement au problème, lancer une campagne de sensibilisation de l'envergure de celles lancées pour lutter contre le sida», dit Ranjana Kumari, du Centre de recherche sociales à New Delhi, en entrevue au Times of India. Il juge les efforts gouvernementaux lamentablement insuffisants.
Avec une moyenne à l'échelle nationale de 927 filles pour 1000 garçons, l'Inde est tout au bas de la liste dressée par l'UNICEF, derrière le Nigeria et le Pakistan. Il n'y a que la Chine (835) qui fasse pire, selon le rapport.
La politique de l'enfant unique donne lieu, là aussi, à un large recours à l'avortement sélectif. Un rapport de la Commission de la planification de la famille et de la population de l'État chinois évalue que le nombre d'hommes dans le pays dépassera de 30 millions celui des femmes en 2020. «La difficulté croissante pour les hommes de se trouver une épouse risque d'être la cause d'instabilité sociale», prévient le rapport.