À deux jours du couronnement de Charles, la Jamaïque précise ses ambitions républicaines

Un Jamaïcain manifeste devant les bureaux du British Council pour demander des excuses et des réparations pour l’esclavagisme lors de la visite du duc et de la duchesse de Cambridge à Kingston, le 22 mars 2022.
Collin Reid Associated Press Un Jamaïcain manifeste devant les bureaux du British Council pour demander des excuses et des réparations pour l’esclavagisme lors de la visite du duc et de la duchesse de Cambridge à Kingston, le 22 mars 2022.

La Jamaïque, pays du Commonwealth dont Charles III est roi, veut se détacher de la couronne britannique et devenir rapidement une république, a indiqué la ministre jamaïcaine chargée des questions constitutionnelles sur la chaîne britannique Sky News jeudi.

« Le moment est venu. La Jamaïque aux mains des Jamaïcains », a affirmé Marlene Malahoo Forte, indiquant que Kingston réfléchissait à la tenue d’un référendum sur cette question dès l’année prochaine.

L’annonce tombe mal pour Charles III — roi de Jamaïque comme de 14 autres royaumes à travers le monde —, à deux jours de son couronnement en grande pompe à Londres.

« Beaucoup de Jamaïcains avaient une affection chaleureuse pour la reine Élisabeth II », a expliqué Mme Malahoo Forte, rappelant que la monarque était déjà sur le trône quand la Jamaïque est devenue indépendante en 1962.

« Mais ils ne s’identifient pas au roi Charles. Il est tout ce qu’il y a de plus étranger pour nous », a-t-elle ajouté.

Colonisation et esclavage

 

Évoquant la relation « complexe » entre les deux pays, Mme Malahoo Forte a estimé que devenir une république revenait « à dire au revoir à une forme de gouvernement qui est liée à un douloureux passé de colonisation et de commerce d’esclaves ».

Lors d’un voyage du prince William dans les Caraïbes début 2022, le premier ministre jamaïcain Andrew Holness avait déjà jugé « inévitable » la transition de son pays vers un régime républicain.

La tournée de William et de son épouse Kate avait donné lieu à une confrontation difficile, marquée par des protestations, et le couple avait été appelé à s’excuser pour le passé esclavagiste du Royaume-Uni.

La famille royale n’a jamais formellement prononcé des excuses, Charles se limitant à qualifier l’esclavage de « terrible atrocité », tandis que William avait exprimé sa « profonde tristesse ».

Les velléités républicaines sont de plus en plus fortes dans certains royaumes du Commonwealth qui veulent suivre l’exemple de la Barbade, devenue une république en 2021.

Après la mort de la reine Élisabeth II, le premier ministre d’Antigua-et-Barbuda avait lui aussi affiché son intention d’organiser un référendum sur le sujet « dans les trois prochaines années ».



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