La police publie une vidéo de son intervention lors de la tuerie dans une école de Nashville
Des policiers progressent dans des salles de classe et des couloirs décorés de dessins d’enfants avant d’abattre un tireur lourdement armé : une vidéo éprouvante, mise en ligne mardi, montre l’intervention qui a mis fin à la tuerie dans une école de Nashville, dans le sud des États-Unis.
Filmées par les caméras embarquées de deux agents, les images attestent de la tension qui régnait parmi les équipes déployées lundi matin dans les locaux de la petite école chrétienne Covenant School.
Elles montrent aussi la célérité de leur réponse, après l’intrusion d’un ancien élève muni de deux fusils d’assaut et d’un pistolet.
La plupart des policiers ont simplement un gilet pare-balles sur leur T-shirt et brandissent une arme de poing. Ceux qui ont des fusils sont invités à passer devant.
À leur arrivée, une employée les a informés que la plupart des enfants avaient été mis à l’abri, un autre leur a glissé des clés.
Avec une sirène en fond sonore, on les voit avancer rapidement dans l’établissement, vérifiant les pièces une par une. Quelques minutes plus tard, des coups de feu résonnent. « On dirait que ça vient du haut », lance l’un d’eux avant de se précipiter dans les escaliers. D’autres tirs se font entendre, un « Jesus Fuck » est lâché. Les respirations se font plus lourdes, les pas plus rapides.
Au bout d’un couloir, ils débouchent sur une sorte de hall baigné de lumière où se tient le tireur. Depuis la fenêtre brisée, il a tiré sur des policiers qui arrivaient en renfort.
Immédiatement, les balles crépitent, l’assaillant — dont le visage a été flouté — glisse au sol. « Arrête de bouger », « enlève tes mains de ton arme », crie un policier au corps déjà inanimé. Après avoir écarté les fusils, il prend un talkie-walkie et annonce : « suspect à terre ».
Avant d’être abattu, il a tué trois enfants, âgés de 9 ans, et trois employés de l’école, dont sa directrice.
La police « suit toutes les pistes »
La police cherchait mardi à démêler les raisons qui ont pu pousser l’ancien élève à planifier une telle attaque.
Le carnage a suscité une nouvelle onde de choc dans le pays, où les armes à feu sont devenues la première cause de mortalité des mineurs.
Après l’avoir décrit comme une jeune femme, les forces de l’ordre ont précisé qu’il s’agissait d’une personne transgenre de 28 ans, nommée Audrey Hale, qui utilisait des pronoms masculins pour se décrire sur Internet.
Selon le chef de la police John Drake, c’était « une attaque ciblée » : Audrey Hale était en possession de plans de l’école mentionnant les entrées et les sorties et était « préparée pour une confrontation avec les forces de l’ordre ».
Interrogé sur ses mobiles, le policier a évoqué une possible « rancune » envers la Covenant School, une école qui défend des valeurs religieuses traditionnelles, où l’assaillant a été scolarisé dans son enfance.
John Drake a reconnu « l’existence de théorie » autour de son identité de genre. « Nous suivons toutes les pistes et quand nous serons fixés, nous vous tiendrons au courant », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse lundi soir.
Les éclaircissements pourraient venir d’écrits laissés par Audrey Hale. Lors d’une perquisition à son domicile, les forces de l’ordre ont en effet retrouvé un document qu’elles ont qualifié de « manifeste ».
« Plus de mal »
Juste avant le passage à l’acte, le jeune tireur avait par ailleurs envoyé un message à une connaissance pour l’informer que « quelque chose de mal » allait arriver. « Un jour, cela sera plus clair », avait écrit Audrey Hale, selon la chaîne locale WTVF. « J’ai laissé suffisamment de preuves derrière moi ».
Son interlocutrice, Averianna Patton, avait contacté la police à 10 h 13, mais n’a été recontactée qu’après le drame.
Quasiment au même moment, Audrey Hale forçait l’entrée de la Covenant School en tirant à travers une porte en verre.
Son décès a été prononcé à 10 h 27. D’après la police, il avait un stock important de munitions et était « préparé pour faire plus de mal ».
« Effrayés »
À Nashville, capitale du Tennessee, la population était sous le choc. « On entend parler des fusillades, mais c’est différent quand c’est à votre porte », a déclaré à l’AFP Stacie Wilford, une infirmière venue se recueillir lundi soir sur un autel improvisé en mémoire des victimes.
Cette mère de famille a expliqué que ses enfants, scolarisés non loin du lieu du drame, étaient « perdus et effrayés ».
La classe politique a partagé cette émotion mais s’est à nouveau divisée sur le rôle des armes à feu : le président démocrate Joe Biden a renouvelé son appel à interdire les fusils d’assaut, une option que rejettent vigoureusement les élus républicains.
Environ 400 millions d’armes à feu sont en circulation aux États-Unis, où elles ont causé en 2020 plus de 45 000 décès par suicide, accident ou homicide, selon les derniers chiffres des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).
Pour la première fois cette année-là, les armes sont devenues la première cause de mortalité chez les jeunes de moins de 19 ans, avec 4 368 décès, devant les accidents de voiture et les overdoses, d’après les CDC.
Malgré tout, une majorité d’Américains restent très attachés au port d’armes, au nom du droit à l’autodéfense, et plusieurs voix se sont élevées pour regretter qu’il n’y ait pas eu d’employé armé dans l’école.