Le bras de fer se poursuit en Équateur entre Lasso et les groupes indigènes

Quelques milliers d’indigènes ont marché dans les rues du centre-ville ainsi qu’aux abords de la présidence.
Photo: Martin Bernetti Agence France-Presse Quelques milliers d’indigènes ont marché dans les rues du centre-ville ainsi qu’aux abords de la présidence.

Au lendemain de la suspension du dialogue entre le gouvernement équatorien et les indigènes, de nouvelles manifestations contre la vie chère ont eu lieu mercredi à Quito, dans un contexte toujours tendu et sans perspective immédiate de sortie de crise.

Alors que la mobilisation entre dans son dix-septième jour, quelques milliers d’indigènes ont marché dans les rues du centre-ville ainsi qu’aux abords de la présidence, dans le quartier historique de la capitale, pour réclamer « la reprise des négociations ».

En plus ou moins petits groupes, et sans incident notable, les manifestants ont arpenté avenues et carrefours du secteur, dans le voisinage du parlement et autour du Centre culturel équatorien, un vaste centre culturel indigène qui sert de quartier général et de base de vie à la communauté.

« Nous sommes ici pour résister, pas pour le plaisir ou pour faire les touristes. Nos familles nous attendent, nous voulons rentrer chez nous. Mais nous resterons tant que le gouvernement ne nous donnera pas de réponse », vociférait Isak, 28 ans, déguisé en Captain America, bouclier étoilé compris. « Nous sommes pauvres, nous avons faim, nous n’avons rien à perdre. »

Dimanche, le gouvernement avait annoncé une réduction de 10 cents pour l’essence et le diesel, mais les manifestants jugent cette baisse insuffisante et réclament une réduction de plus de 20 %.

Dans les rues étroites aux bâtisses élégantes du centre historique, alors survolé par un hélicoptère, tous les commerçants s’empressaient de baisser leur rideau à l’approche du cortège. Depuis le début de la contestation, le 13 juin, les abords du palais Carondelet, la présidence, sont fortifiés derrière de lourdes grilles de fer et des cordons policiers. « Nous allons rester ici jusqu’à ce que le président de la République rétablisse le dialogue », répétaient les manifestants.

Mardi, le président conservateur Guillermo Lasso a suspendu le dialogue entrepris la veille avec des représentants indigènes, dont Leonidas Iza, chef de la puissante Confédération des nationalités indigènes (CONAIE, fer de lance des manifestations), après une attaque en Amazonie au cours de laquelle un soldat a trouvé la mort.

 

« Porte ouverte »

M. Lasso a posé comme condition à une reprise des discussions la présence de « représentants légitimes » des indigènes « ouverts à un dialogue réel et franc ».

La CONAIE a immédiatement réagi en accusant le gouvernement d’« autoritarisme » et de « manque de volonté ». « Toutes les marches et mobilisations doivent se dérouler dans le calme. N’utilisons plus de prétextes pour ne pas vouloir dialoguer », a soutenu dans la nuit Leonidas Iza, semblant adopter une posture plus conciliatrice.

Six personnes, soit cinq manifestants et un soldat, ont été tuées depuis le début des manifestations. Plus de 500 personnes, civils ou membres des forces de sécurité, ont été blessées, et on compte quelque 150 arrestations, selon des observateurs.

Dans la nuit de mardi à mercredi, des heurts ont opposé des manifestants aux forces de l’ordre au nord de Quito, où deux postes de police ont été incendiés. Le ministre de l’Intérieur, Patricio Carrillo, a dénoncé « l’irrationalité » de la contestation.

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