Le débat sur les armes se ranime aux États-Unis

La tragédie pouvait-elle être évitée ? L’éternelle question de la limitation des armes à feu aux États-Unis s’est imposée mercredi à Uvalde comme dans le reste du pays, au lendemain de l’effroyable massacre de 19 écoliers dans cette ville texane assommée par le deuil.
Salvador Ramos, un décrocheur de 18 ans, a ouvert le feu à la carabine semi-automatique dans une école primaire, abattant également deux enseignants avant d’être tué par les policiers.
Signe de la tension autour du sujet, la conférence de presse du gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, a été interrompue par son opposant Beto O’Rourke, qui l’a accusé de ne « rien faire » et de ne « rien proposer ». « Vous dites que cela n’était pas prévisible, c’était complètement prévisible à partir du moment où vous avez décidé de ne rien faire », a déclaré cette figure texane du Parti démocrate.

La veille, le président Joe Biden, qui revenait d’une tournée en Asie lorsque la fusillade s’est produite, avait livré une allocution émue depuis la Maison-Blanche, appelant à « transformer la douleur en action ». « Quand, pour l’amour de Dieu, allons-nous affronter le lobby des armes ? » avait-il lancé, se disant « écœuré et fatigué » face à la multiplication des fusillades en milieu scolaire.
Le débat sur la régulation des armes à feu aux États-Unis tourne pratiquement à vide étant donné l’absence d’espoir d’une adoption par le Congrès d’une loi nationale ambitieuse sur la question.
Ce que l’on sait du drame
Une chape de plomb recouvrait mercredi Uvalde et ses 16 000 habitants. La veille, à la mi-journée, l’horreur s’y est abattue lorsque Salvador Ramos a commis l’une des pires tueries des dernières années aux États-Unis.
Le jeune homme de 18 ans a d’abord visé sa grand-mère, qu’il a grièvement blessée et qui est maintenant hospitalisée. Il s’est ensuite rendu à l’école primaire Robb, près de laquelle il a accidenté sa voiture.
Prévenues de cet accident — et du fait qu’il était armé —, les forces de l’ordre ont tenté de l’empêcher d’entrer dans l’école, mais après un échange de coups de feu, il est parvenu à se barricader dans une salle de classe, a détaillé mercredi matin Chris Olivarez, porte-parole de la police texane, sur la chaîne CNN.
C’est là qu’il a massacré 19 enfants, tué 2 enseignants et fait 17 blessés avec une arme d’assaut de type AR-15, avant d’être abattu par la police.
Le jeune tireur s’était récemment acheté 2 fusils d’assaut et 375 cartouches, tout juste après son 18e anniversaire.
L’AR-15 est funestement connu pour avoir déjà été utilisé dans d’autres fusillades aux lourds bilans, comme la tuerie en 2018 dans une école secondaire de Parkland, en Floride, qui avait fait 17 morts.
Sous le choc
Le quartier de l’école primaire Robb, encore saisi par le drame, n’est ni pauvre ni aisé : il est habité par une classe moyenne d’Américains qui vivent dans des bungalows dotés d’un petit jardin où l’on voit parfois une balançoire ou un barbecue.
L’école restera fermée jusqu’aux congés d’été, par ordre des autorités scolaires. La ville d’Uvalde, de son côté, a indiqué recueillir des dons pour aider à financer les dépenses médicales des familles des victimes.
Les écoles américaines sont régulièrement frappées par ces drames, comme celui de l’école primaire de Sandy Hook, survenu en 2012 dans le Connecticut, où un déséquilibré âgé de 20 ans avait tué 26 personnes, dont 20 enfants âgés de 6 et 7 ans, avant de se suicider.
« Cela n’arrive que dans ce pays, et nulle part ailleurs. Dans aucun autre pays, les enfants vont à l’école en pensant qu’ils pourraient se faire tirer dessus », s’est ému mardi le sénateur démocrate de cet État du nord-est des États-Unis, Chris Murphy, qui a « supplié » ses collègues élus d’agir.
Des avertissements sur Facebook Messenger
Salvador Ramos avait au préalable annoncé sur Facebook qu’il allait perpétrer son attaque de mardi, a rapporté le gouverneur du Texas, Greg Abbott. L’homme de 18 ans a ainsi successivement publié un message prévenant qu’il allait tirer sur sa grand-mère, puis un autre précisant qu’il l’avait fait. « Le troisième message, sans doute moins de 15 minutes avant d’arriver à l’école, disait : “Je vais ouvrir le feu dans une école primaire” », a précisé le politicien mercredi en conférence de presse. La plateforme a immédiatement précisé que le tireur avait publié ces avertissements par le biais du système Messenger et que, par conséquent, ils n’avaient été découverts qu’après la tragédie. La maison mère du réseau social, Meta, dit d’ailleurs « coopérer pleinement » avec les enquêteurs.Agence France-Presse