La France envisage de donner une forme d’autonomie pour la Guadeloupe

Le gouvernement français se dit prêt à discuter d’autonomie avec la Guadeloupe aux prises avec les émeutes sanitaires et des grèves qui sont les signes d’une longue frustration ressentie sur l’île caribéenne.
Le ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, a soulevé vendredi cette possibilité lors d’un discours télévisé. Il n’a pas tardé à s’attirer les foudres des candidats conservateurs et d’extrême droite de la prochaine élection présidentielle, en avril.
La Guadeloupe utilise l’euro comme devise. Ses liens politiques sont très étroits avec la France métropolitaine. À l’instar de l’île voisine de la Martinique, la Guadeloupe vit un taux de chômage élevé, un coût de la vie élevé et une colère persistante qui ont poussé des responsables locaux à réclamer des changements.
La Guadeloupe et la Martinique sont des départements d’outre-mer.
« Certains élus ont posé la question en creux de l’autonomie, par rapport à son statut actuel de département-région d’outre-mer, a déclaré M. Lecornu. D’après eux, la Guadeloupe pourrait mieux se gérer d’elle-même. Ils souhaitent moins d’égalité avec l’Hexagone, plus de liberté de décision par les décideurs locaux. Le gouvernement est prêt à en parler. »
Le ministre a condamné les émeutiers qui ont perpétré des actes de pillage et ceux qui ont érigé des barrages routiers empêchant des patients de recevoir des traitements médicaux et provoquant la fermeture des classes. Il a reconnu l’existence « de problèmes structurels » derrière cette colère. Il souhaite une réponse collective.
Les récentes tensions en Guadeloupe et en Martinique se sont aggravées lorsque le gouvernement a voulu imposer la vaccination obligatoire à tous les travailleurs du système de santé et un passeport vaccinal. Pour obtenir ce dernier, les résidants doivent prouver qu’ils sont vaccinés, avoir reçu un diagnostic négatif ou se sont rétablis du virus.
Mais les questions sociales, comme une hausse de salaire, une augmentation des prestations de chômeurs et une plus grande embauche d’enseignants, se sont rapidement ajoutées aux revendications.
Le tiers de la population de la Guadeloupe vit sous le seuil de pauvreté. Le taux de chômage s’élève à 17 %. Le coût de la vie est élevé parce que l’approvisionnement dépend largement des importations en provenant de la France métropolitaine. Le réseau d’aqueduc est obsolète. Pour une partie de la population, les relations entre la Guadeloupe et la France métropolitaine ont un relent de colonialisme. Certains ont souligné qu’un dangereux pesticide interdit en France est demeuré en usage pendant plusieurs années sur l’île.
Le gouvernement français a aussi annoncé qu’il reportait au 31 décembre la mise en œuvre de la vaccination obligatoire pour les soignants.