Washington rappelle des diplomates, La Havane en colère

L'ambassade américaine à La Havane, à Cuba
Photo: Adalberto Roque Agence France-Presse L'ambassade américaine à La Havane, à Cuba

Le mystère des « attaques » contre la santé de diplomates américains à Cuba n’est toujours pas élucidé, mais les États-Unis ont rappelé vendredi « plus de la moitié » du personnel de leur ambassade, provoquant la colère de La Havane.

Le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, a pris soin de confirmer, dans un communiqué, le maintien des relations diplomatiques avec Cuba, rétablies en 2015 après un demi-siècle de rupture. Il a présenté le rappel des diplomates comme une mesure préventive pour les protéger.

Mais cette décision « est précipitée et va nuire aux relations bilatérales », a aussitôt protesté le gouvernement cubain.

Parmi les autres mesures annoncées par le département d’État, trois jours après une rencontre à Washington entre Rex Tillerson et son homologue cubain, Bruno Rodriguez : l’octroi de visas de routine américains à Cuba est « suspendu » sine die et les voyages sur place de responsables gouvernementaux américains seront limités, pour l’instant, aux nécessités de l’enquête sur cette troublante affaire.

Enfin, les États-Unis ont aussi appelé leurs ressortissants à éviter de se rendre sur cette île touristique des Caraïbes en raison des risques liés à ces « attaques », qui ont jusqu’ici touché 21 employés de l’ambassade dans des résidences diplomatiques américaines, mais aussi dans des « hôtels fréquentés par des citoyens américains ».

Cinq familles canadiennes sont également concernées.

 

Preuve que l’énigme est loin d’être résolue, l’embarras est flagrant lorsqu’il s’agit de qualifier ces « attaques ». Le département d’État parlait jusque-là d’« incidents » ayant provoqué plusieurs « symptômes », et Rex Tillerson avait évoqué des « attaques contre l’intégrité physique » des diplomates.

L’idée d’« attaques acoustiques » ou par « harcèlement acoustique », utilisée notamment par un syndicat de la diplomatie américaine, n’a pas été confirmée officiellement et le gouvernement américain s’en est tenu vendredi à dénoncer des « attaques précises », « ciblées », mais d’« une nature inconnue ».

« Ces employés ont subi des lésions importantes », notamment des pertes d’audition, des vertiges, des maux de tête ainsi que des problèmes cognitifs, d’équilibre ou de sommeil, a souligné un haut responsable du département d’État. Certains ont dû être rapatriés.

Le secrétaire d’État n’est donc pas allé jusqu’à fermer l’ambassade et n’a pas accusé les autorités cubaines d’être à l’origine des « attaques », soulignant leur coopération avec les enquêteurs américains.

Cette mystérieuse affaire n’a été dévoilée qu’au début août, mais les premiers « symptômes physiques » ont été signalés fin 2016.

Trump « démissionne » Price

Tom Price, ministre américain de la Santé empêtré dans un scandale lié à l’utilisation d’avions privés pour ses déplacements gouvernementaux, a démissionné vendredi. M. Price « a présenté sa démission et le président l’a acceptée », a indiqué la Maison-Blanche dans un communiqué. Quelques minutes plus tôt, M. Trump avait laissé entendre que les heures de M. Price dans son gouvernement étaient comptées. « Je ne suis pas content, je peux vous le dire », avait-il déclaré lors d’un échange avec les journalistes, affirmant avoir été « déçu » par son ministre. Politico, qui a révélé l’affaire, avait décompté pas moins de 26 déplacements de Tom Price en avions privés depuis le début de l’année, pour un total dépassant 400 000 $. Devant la polémique, le ministre a annoncé jeudi soir qu’il rembourserait les frais de déplacement. En vain. En annonçant la nomination de M. Price dans son gouvernement, le président américain avait affirmé qu’il était « exceptionnellement qualifié pour mener à bien notre engagement d’abroger et de remplacer l’Obamacare ».


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