«Matthew»: les secours en sont à l’étape de l’évaluation

Au lendemain des ravages causés par l’ouragan Matthew à plusieurs pays insulaires des Caraïbes, l’heure est à l’évaluation des dégâts. À Haïti, où les forts vents et la pluie torrentielle ont détruit des ponts et des routes et ont complètement isolé des communautés, l’estimation des besoins est plus difficile.
« Il y a eu du vent et beaucoup de pluie [mardi], mais ça s’est arrêté ce matin [mercredi]. Comme il fait très chaud, l’évaporation a commencé et on peut mieux évaluer le terrain », a dit au Devoir Brigitte Gaillis, qui travaille en Haïti pour la Croix-Rouge canadienne.
Jérémie et Cayes, les deux importantes communes situées de part et d’autre de la presqu’île du Sud, ont été fortement touchées par l’ouragan dont l’oeil en colère a traversé Haïti : maisons et écoles détruites, toits arrachés, tronçons de route effondrés et ponts emportés. Même les plages ont complètement disparu dans la tourmente. Au moins 23 personnes auraient trouvé la mort, selon un bilan partiel fourni par les autorités.
À certains endroits, les habitants sont sans communication depuis plus de 24 heures et pourraient le demeurer encore un certain temps. Dans d’autres, l’évacuation est en cours, car l’eau monte. Et les camions ne peuvent même pas emprunter les routes alternatives pour acheminer les secours.
« Pour le moment, Jérémie et Cayes sont isolées. Mais on espère que ça va se régler. On essaie de voir si on peut envoyer des hélicoptères pour apporter de l’eau et des rations alimentaires, a souligné Mme Gaillis. On ne sait pas ce qui se passe quand on avance plus dans la pointe [de l’île] et dans les montagnes. […] C’est une grosse journée d’évaluation. »
Le bureau des Nations unies pour l’aide humanitaire (OCHA) a estimé, mercredi matin, que 300 000 personnes en Haïti avaient besoin d’une assistance immédiate. Selon Brigitte Gaillis, les gens n’ont pas paniqué, n’ayant pas réellement eu conscience de la force de l’ouragan qui fonçait droit sur eux. Certains sont mêmes restés barricadés chez eux, ne voulant pas laisser derrière eux le peu qu’ils ont. « Quand l’ouragan a commencé, ils sont venus en courant, il fallait aller les chercher sur place. Il y a eu un moment dramatique dans la journée », a-t-elle raconté.
Une préparation préalable
Sachant que l’ouragan arrivait, les équipes de secours de plusieurs organisations humanitaires et des Nations unies avaient préparé un plan d’urgence, conjointement avec l’administration locale. Des réunions où se rencontrent tous les acteurs humanitaires et locaux sont organisées régulièrement pour faire le point. « On collabore avec la Croix-Rouge haïtienne, qui a des bénévoles et des gens formés. Après, il faut voir ce qui manque sur le terrain. Il ne s’agit pas de tout déployer, ça coûterait trop cher. Mais nous devons voir comment on peut identifier les besoins et y répondre de la meilleure façon possible », a expliqué Myrian Marotte, directrice des communications à la Croix-Rouge canadienne, division Québec. Une collecte de fonds a été lancée mardi.
D’après Brigitte Gaillis, la priorité est de combler les besoins sanitaires. « Quand il y a des inondations, il y a toujours une contamination des sols et de l’eau par les débris. Jeudi, on aura une réunion pour faire l’état des besoins en matière de santé », a-t-elle expliqué. Certains groupes viennent déjà en aide aux déplacés. Ils seraient environ 70 à Port-au-Prince et dans les environs.