Jamaïque et Haïti se préparent au passage de l’ouragan «Matthew»

Les autorités haïtiennes ont pleinement conscience de leur cruel manque de moyens mais misent sur la solidarité citoyenne.
Photo: Richardo Makyn Agence France-Presse Les autorités haïtiennes ont pleinement conscience de leur cruel manque de moyens mais misent sur la solidarité citoyenne.

Le très puissant ouragan Matthew, en mouvement dans les Caraïbes, menace directement Haïti et la Jamaïque qu’il devrait atteindre lundi puis Cuba, et risque de provoquer de très forts dégâts, selon le centre américain de surveillance des ouragans (NHC).

Pour l’heure, l’ouragan continue d’afficher des vents soutenus de 220 km/h et il reste classé en catégorie 4 sur les 5 que compte l’échelle de Saffir-Simpson. Il se déplace très lentement à seulement 6 km/h vers la Jamaïque, Haïti et la côte est de Cuba.

Selon le bulletin officiel de 15 h GMT dimanche, il se trouvait à 565 kilomètres au sud-sud-ouest de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, et à 505 km au sud-sud-est de Kingston, celle de la Jamaïque.

La Jamaïque comme la côte sud d’Haïti sont en alerte ouragan, tout comme les provinces cubaines se trouvant à l’est de l’île. Elles devraient être touchées dans les 48 heures par des forts vents et d’importantes précipitations.

L’ouragan devrait poursuivre sa route vers le nord entre lundi et mardi pour progresser vers les Bahamas et le territoire américain. « Il est trop tôt pour écarter le risque que Matthew touche la Floride », a estimé le NHC.

Évacuations préventives

Haïti, le pays le plus pauvre de la zone avec un habitat souvent précaire, a élevé tard samedi soir son niveau d’alerte d’orange à rouge, le maximum, après avoir procédé à une centaine d’évacuations préventives dans le sud, la zone la plus exposée.

Les autorités accélèrent par ailleurs le déploiement de médicaments et de kits d’hygiène dans les zones les plus à risques. Car l’établissement est situé en zone inondable, les patients de l’hôpital de la ville des Cayes, dans le département du sud, sont en train d’être évacués.

« Les problèmes de moyens se posent » a reconnu Jude Sénatus, le directeur général du ministère haïtien de l’Intérieur « mais on met beaucoup l’emphase sur la responsabilité citoyenne, sur la solidarité : c’est la première ligne de défense » a-t-il expliqué à l’AFP.

La protection civile haïtienne a indiqué que dans le grand sud (regroupant 3 des 10 départements du pays), 576 abris provisoires étaient disponibles et pourraient accueillir jusqu’à 88 000 personnes pour une durée d’au moins 3 jours.

Les autorités haïtiennes ont pleinement conscience de leur cruel manque de moyens mais misent sur la solidarité citoyenne. « Les citoyens doivent savoir qu’ils ont une obligation de se protéger, de se solidariser et d’accueillir là où les abris provisoires seront insuffisants » a martelé Jude Sénatus.

La mission onusienne Minustah présente dans le pays s’apprête à déployer ses effectifs en renfort et une équipe d’évaluation de la catastrophe et de coordination (UNDAC) va arriver dimanche en Haïti pour immédiatement se déployer dans le sud.

Guantánamo

Les autorités militaires américaines ont décidé d’évacuer le personnel non essentiel et leurs familles de la base militaire et prison controversée de Guantánamo, à Cuba. Les évacuations se sont faites dans la nuit de samedi à dimanche et dans la matinée, essentiellement par rotation aérienne vers la base de Pensacola en Floride.

Quant aux 61 prisonniers de la « guerre contre le terrorisme », ils sont à l’abri dans les installations prévues pour résister à ce type de tempête, affirme l’armée américaine dans un communiqué.

Toujours à Cuba, le président Raul Castro s’est déplacé à Santiago, dans la région la plus menacée, afin de superviser lui-même les préparatifs. « Il faut se préparer pour cet ouragan comme s’il était deux fois plus puissant que Sandy », a déclaré le président cubain. Sandy avait fait d’énormes dégâts partout sur sa trajectoire en 2012, jusque sur la côte nord-est des États-Unis.

Violente tempête ?

Les autorités de Jamaïque s’attendent à une tempête d’une violence équivalente à celle de Gilbert, qui avait frappé la Jamaïque le 12 septembre 1988 et fait 40 morts et des dégâts énormes.

Mais après plusieurs alertes à l’ouragan, qui au final n’ont produit que de la pluie, les habitants de l’île se méfient et refusent de se préparer.

La saison des ouragans dans l’Atlantique s’étend chaque année en principe du 1er juin au 30 novembre mais le premier ouragan de 2016, baptisé Alex, s’était formé en janvier.

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