En Amérique centrale, l’espoir des Cubains s’éteint

Partant d’Équateur, des milliers de migrants originaires de Cuba sont arrêtés en Amérique centrale avant d’atteindre leur objectif final. La situation tourne sur place au drame humanitaire.
Le sort de ces migrants est sans doute moins dramatique que celui des réfugiés venant de Syrie ou d’Érythrée. Il a été moins médiatisé aussi, jusqu’à ce que le pape François, dimanche, ne s’émeuve de leur sort et demande aux pays concernés de trouver une solution humanitaire. Depuis près de deux mois, des milliers de Cubains sont bloqués dans plusieurs pays d’Amérique centrale, Costa Rica et Panama essentiellement, dans l’attente d’une possibilité de gagner les États-Unis. Le temps presse pour eux : les États-Unis continuent à accorder de façon quasi automatique l’asile politique aux Cubains qui parviennent sur leur territoire. Mais le réchauffement diplomatique entre Washington et La Havane risque de mettre fin rapidement à cette politique.
Empêchés pendant plusieurs décennies de quitter leur île, les Cubains peuvent voyager librement depuis janvier 2013, à l’exception des médecins, militaires ou jeunes diplômés. Mais ils se heurtent à deux écueils. D’abord, le prix du billet d’avion n’est pas à la portée des habitants, le salaire moyen ne dépassant pas 20 euros par mois. Il faut donc compter sur l’aide de la famille ou des amis résidant à l’étranger. Surtout, très peu de pays n’exigent pas de visa des détenteurs d’un passeport cubain. Et ce ne sont pas des destinations qui intéressent les candidats au départ, car trop éloignées des États-Unis, la destination finale : Monténégro, Vanuatu, Laos, Botswana… Seule exception : l’Équateur.
8000 dans des camps
Dirigé par le socialiste Rafael Correa, le pays est la principale voie de sortie pour les Cubains : en 2015, 13 000 ont été accueillis. Reste ensuite à remonter vers le nord, en autobus généralement. Mais, depuis mi-novembre, le Nicaragua sandiniste, dont le gouvernement de gauche est allié à Cuba, refuse l’entrée de ces voyageurs sur son territoire. Ils sont ainsi 8000 à être bloqués dans des camps de fortune, gérés par les ONG. Le Guatemala et Belize ont ensuite adopté la même mesure, et le Costa Rica, débordé, a cessé d’accorder des visas de transit. Plusieurs milliers d’émigrants sont ainsi retenus au Panama.
Les réunions internationales n’ont jusqu’à présent débouché sur aucun accord. Ce lundi, au lendemain du message papal, un sommet doit se tenir au Guatemala. « J’invite les pays de la région à renouveler, avec générosité, tous leurs efforts pour trouver une solution à ce drame humanitaire », a lancé Jorge Bergoglio dimanche, lors de la messe dans la basilique Saint-Pierre du Vatican. Le pape a en outre dénoncé « le trafic d’êtres humains » dont sont victimes beaucoup de ces migrants.