Combien de manifestants au juste?
São Paulo — Une polémique a éclaté lundi au Brésil sur le nombre de manifestants la veille contre la présidente Dilma Rousseff, un institut d’enquêtes privé l’estimant à 210 000 à São Paulo, quand la police militaire dit en avoir compté un million.
La police militaire (PM), placée sous l’autorité du gouvernement de l’État de São Paulo, a défendu sur Twitter son mode de calcul utilisé dimanche lors d’une journée de mobilisation, présentée comme massive, contre le gouvernement de centre gauche confronté au scandale de corruption Petrobras. L’État de São Paulo, le plus peuplé du Brésil avec 40 millions d’habitants, est dirigé depuis plus de 20 ans par le Parti social-démocrate brésilien (PSDB), principal parti d’opposition au Parti des travailleurs (PT) de Mme Rousseff, au pouvoir depuis 12 ans.
La PM a assuré avoir utilisé une technologie basée « sur des cartes et des images aériennes » prises depuis un hélicoptère. Après avoir déterminé l’étendue de la manifestation, la police militaire dit être arrivée à la conclusion qu’à 15hres, l’avenue Paulista comptait « cinq personnes au mètre carré ».
Des doutes
Mais des doutes ont commencé à surgir quand les estimations de la police sont passées de 240 000 personnes à 14h40 à 580 000 à 15h05, puis à un million 35 minutes plus tard.
L’institut Datafolha, détenu par le groupe de presse Folha, éditeur notamment du quotidien de référence national Folha de São Paulo et peu suspect de complaisance envers le gouvernement fédéral, a affirmé de son côté que 210 000 personnes ont participé tout au long de la journée à cette mobilisation. Les chiffres de Datafolha proviennent d’estimations effectuées dans le cortège par des personnes dédiées au comptage des manifestants. Selon l’institut, on dénombrait à 16h quelque 188 000 participants dans le défilé.
Inversement, la PM pauliste avait estimé vendredi qu’un cortège défilant en soutien à Mme Rousseff et à Petrobras avait rassemblé 12 000 personnes quand Datafolha en avait compté 41 000.
Arrestations
La police fédérale brésilienne a annoncé lundi qu’elle menait une opération dans les villes de São Paulo et de Rio de Janeiro afin d’interpeller 18 personnes liées au vaste scandale de corruption touchant le géant pétrolier Petrobras.
Les mandats d’arrestation visent notamment l’ancien directeur des services de Petrobras, Renato Duque, désigné par d’autres protagonistes de l’affaire comme étant un élément central de ce vaste système de corruption qui aurait pu permettre de détourner quatre milliards de dollars en une décennie, selon la police.
Les personnes recherchées ou arrêtées lundi le sont pour « association de malfaiteurs, usage de faux, corruption passive et active, fraude lors d’appels d’offres et blanchiment d’argent », a précisé la police fédérale. Ils seront conduits sous escorte policière à Curitiba (sud), d’où est dirigée l’enquête sur les protagonistes n’exerçant pas de mandats politiques.
Le parquet brésilien enquête actuellement sur 13 sénateurs, 22 députés et deux gouverneurs. Si les charges retenues contre eux sont suffisantes, ils devront être jugés par la Cour suprême.
Le scandale Petrobras, compagnie propriété de l’État, concerne des élus, des partis politiques de la coalition gouvernementale de centre gauche, ainsi que des hommes d’affaires et de nombreuses entreprises de BTP. De l’argent aurait été détourné au profit de particuliers, notamment d’anciens responsables de la compagnie mais aussi de formations politiques, dont le Parti des travailleurs (PT), de la présidente Dilma Rousseff.