Paraguay - Des femmes investissent l’arène politique
Trois millions et demi d’électeurs sont appelés aux urnes ce dimanche pour élire le successeur de Federico Franco à la présidence de la République du Paraguay. Lilian Soto sera la seule femme parmi les 11 candidats en lice. Mais contrairement aux pionnières, Teresa Notario en 2003 et Blanca Ovelar en 2008, qui avaient conduit des partis classiques, l’ex-ministre de la Fonction publique est à la tête du mouvement féministe et socialiste Kuña Pyrenda (« plateforme » en langue guaranie, fort de plus de 500 femmes engagées dans les élections sénatoriales, départementales, de gouverneurs et de députés du Mercosur.
Les propositions de Kuña Pyrenda et les moyens mis en oeuvre pour les présenter aux électeurs tranchent avec les partis traditionnels paraguayens. Kuña Pyrenda a multiplié les débats de proximité dans les barrios (quartiers) et les pueblos (villages).
Chaque citoyen pouvait ainsi venir s’asseoir à côté de Lilian Soto et de ses colistières pour partager le tereré, sorte de thé froid traditionnel, et parler de ce qu’il attendait de la classe politique paraguayenne, une des plus corrompues au monde. Réforme agraire, lutte frontale contre la corruption, santé et éducation gratuite, loi sur la parité sont les grands pans du programme de « transformation profonde de la société » proposé par Kuña Pyrenda.
Une société dans laquelle 1,5 % des plus riches possèdent 85 % des terres pendant que le tiers de la population vit avec un peu plus d’un dollar par jour. Une société dans laquelle la démocratie est si fragile que le premier président de gauche de l’histoire, Fernando Lugo, élu en 2008, a été démis de ses fonctions en juin par le Parlement.