Une puissante réplique terrifie Haïti
Huit jours après le séisme qui a dévasté Port-au-Prince, Haïti a tremblé ce matin sous la plus puissante réplique enregistrée jusque là. Cette forte secousse de magnitude 6,1 a provoqué de nouveaux effondrements de gravats et terrifié les rescapés dans la capitale dévastée.
Le séisme ne semblait pas avoir causé de nouveaux dégâts majeurs dans une ville déjà presque détruite par le tremblement de terre du 12 janvier. Mais elle a encore compliqué les efforts de secours, déploraient les responsables humanitaires. Le Premier ministre Jean-Max Bellerive a fait savoir que le gouvernement envoyé un avion et une équipe de reconnaissance aérienne vérifier la situation à Petit-Goave, près de l’épicentre.Cette réplique sismique a forcé l’évacuation du plus important hôpital de la capitale. Joint au téléphone à Port-au-Prince, le docteur québécois Sylvain Couture a expliqué à La Presse Canadienne que des centaines de patients qui se trouvaient à l’Hôpital universitaire de l’État d’Haïti sont maintenant dans les rues du site universitaire. L’hôpital a été évacué par mesure de précaution.
Les patients, certains sur civières ou d’autres souffrant de blessures graves, sont abrités sous quelques tentes en attendant de pouvoir réintégrer l’hôpital. Le bloc opératoire aurait déjà été sécurisé.
La terre a tremblé à 6h03 du matin, soulevant des nuages de poussière dans Port-au-Prince, où la secousse a duré huit secondes. Au milieu des hurlements de terreur, soldats américains comme réfugiés des camps de tentes ont couru pour s’éloigner des bâtiments.
C’était la plus forte des 49 répliques de 4,5 ou plus qui se succèdent depuis le séisme de magnitude 7 de la semaine dernière.
D’après l’Institut géologique américain (US Geological Survey), son épicentre se trouvait à une soixantaine de kilomètres à l’ouest-sud-ouest de Port-au-Prince et à 9,9km de profondeur. Soit donc plus éloigné de la capitale que le tremblement de terre d’il y a huit jours, qui a fait au moins 200 000 morts et 1,5 millions de sans-abris selon une estimation de l’Union européenne.
D’après Bruce Pressgrave, géophysicien de l’USGS, personne ne peut dire si des répliques plus puissantes encore peuvent survenir. «Les répliques s’estompent parfois très vite, a-t-il expliqué. Dans d’autres cas, elles peuvent se prolonger des semaines, ou, si l’on a vraiment pas de chance, des mois».
Un bébé sauvé des décombres après une semaine
La nouvelle secousse, et la légère pluie qui tombait mardi, compliquent les secours. Et pourtant, des secouristes continuaient d’émerger des ruines en annonçant des sauvetages miraculeux. Comme celui de cette toute petite fille, bébé de 23 jours seulement, secourue mardi à Jacmel, et semble-t-il en bonne santé, après une semaine sous les décombres, selon des secouristes colombiens et français.
Ou cette fervente catholique de 69 ans, Ena Zizi, dégagée par une équipe mexicaine et qui a dit avoir prié constamment après avoir été ensevelie dans l’effondrement de la résidence de l’archevêque d’Haïti. Le corps de ce dernier, Mgr Joseph Serge Miot, a lui été retrouvé par les équipes travaillant sur le site de la cathédrale.
Encore de graves problèmes logistiques
Mais malgré l’effort international massif, nombre de rescapés attendent toujours de l’eau et de la nourriture. Si les gouvernements ont déjà promis près d’un milliard de dollars pour Haïti et envoyé des milliers de tonnes de nourriture et de matériel médical, l’aide, confrontée à de graves problèmes logistiques, reste inadaptée face à l’immensité des besoins.
De l’aide humanitaire était encore repoussée à l’aéroport de Port-au-Prince et son unique piste, où les forces américaines ont été accusées de mal gérer les priorités des vols. L’armée de l’air américaine dit avoir augmenté les capacités quotidiennes de 30 à 180 vols.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé l’envoi de plus de 250 000 rations alimentaires à la date de mardi, alors que quelque trois millions de personnes, selon les estimations, ont besoin d’une aide urgente.
Après le spectaculaire atterrissage des troupes américaines mardi sur les pelouses du Palais national en ruines, la noria des renforts continuait d’arriver mercredi, dont l’hôpital flottant de la marine américaine, l’USNS Comfort, qui était déjà en train de traiter deux blessés graves quand il a jeté l’ancre au large de Port-au-Prince.