Rendez-vous avec l'histoire - Castro assistera-t-il aux célébrations de son 80e anniversaire?

Les citoyens de La Havane s’interrogent sur la santé de Fidel Castro.
Photo: Agence France-Presse (photo) Les citoyens de La Havane s’interrogent sur la santé de Fidel Castro.

La Havane — Tout Cuba aura aujourd'hui les yeux rivés sur la place de la Révolution à La Havane, où l'apparition de Fidel Castro, qui y est attendu pour présider un défilé militaire, donnera le signal de son maintien aux affaires ou, dans le cas contraire, de l'ouverture d'une ère nouvelle.

Depuis mardi, la capitale cubaine, où sont réunis sympathisants castristes, altermondialistes ou communistes des cinq continents, prépare la parade qui sera suivie d'une «marche combattante» de 300 000 Cubains, concluant cinq jours d'hommage fervent aux 80 ans du chef révolutionnaire, dont l'apparition n'a jamais été aussi attendue.

Retour au combat?

«Hommage en forme d'adieux», selon le mot de Rodrigo Borja, ancien président équatorien, tandis que le chef de la diplomatie cubaine, Felipe Perez Roque, étoile montante du régime, assure que Fidel Castro va «revenir au combat», même si «les ennemis de la révolution cubaine comptent les minutes et souhaitent sa mort».

Si la présence de Raúl Castro, ministre de la Défense, chargé de l'intérim depuis quatre mois, s'impose, celle de son illustre aîné continuait la veille de faire l'objet d'une véritable frénésie de spéculations.

C'est que l'enjeu est à la hauteur de la stature de l'homme qui, depuis près d'un demi-siècle, domine sans partage le dernier régime communiste du monde occidental, après avoir, par ses coups d'éclat, propulsé Cuba au firmament de l'utopie révolutionnaire pendant la deuxième moitié du XXe siècle.

Confronté à son premier grave accident de santé, Fidel Castro, opéré en urgence le 27 juillet d'une hémorragie intestinale, n'est toujours pas rétabli et a dû renoncer mardi, suivant l'avis de ses médecins, à se montrer au gala d'ouverture donné en son honneur devant quelque 1800 invités étrangers.

Hier, un nouveau message de sa part était attendu pour le gala de clôture au théâtre Karl Marx, dont l'ouverture était annoncée à 17h, qui donnerait une indication sur sa présence aujourd'hui au défilé militaire, le premier depuis 10 ans.

Mais, avec ou sans message, aujourd'hui restera le jour du retour aux affaires de Fidel Castro, ou celui de l'avènement de son frère Raúl, qui apparaîtra comme l'homme d'une inévitable transition et non plus d'un simple intérim.

Toutefois, l'effacement du «père de la révolution» ne signifie pas sa mise hors jeu: les frères Castro sont unis par une double solidarité familiale et politique, et Fidel, pour qui «les vrais révolutionnaires ne se retirent jamais», demeurera l'arbitre incontournable des grandes décisions, tant que sa santé le lui permettra, estiment la plupart des observateurs.

Son ami le plus proche, l'écrivain colombien Gabriel García Marquez, 78 ans et lui-même en mauvaise santé, a fait le déplacement et déclaré à son arrivée hier qu'il reviendrait à La Havane «pour les 100 ans» de Fidel.

Plusieurs centaines d'intellectuels et de militants de gauche, et de la «gauche de la gauche», dont l'écrivain franco-espagnol Ignacio Ramonet, se sont réunis en colloque mercredi et jeudi sur le thème «Mémoire et avenir: Cuba et Fidel».

Trois chefs d'État sont déjà présents: Evo Morales, de Bolivie, Daniel Ortega, du Nicaragua, et René Préval, d'Haïti.

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