L'ONU sur la sellette - Les enlèvements reprennent en Haïti
Port-au-Prince — Un adolescent enlevé à Port-au-Prince aux portes de son école et tué à Cap-Haïtien... La pratique des enlèvements crapuleux à des fins de rançon semble connaître un regain d'activité en Haïti où l'ONU est critiquée pour ne pas mettre un terme à ce fléau.
Jeudi, une radio de Port-au-Prince a annoncé l'enlèvement d'un ex-ministre des Finances du président René Préval tandis qu'un ancien sénateur se trouverait toujours aux mains de ses ravisseurs une semaine après son rapt.En une semaine, plusieurs personnes ont été enlevées dans le pays où le cas d'une jeune fille de 20 ans séquestrée puis sauvagement tuée par ses ravisseurs a particulièrement révulsé l'opinion. Etudiante à l'école normale supérieure, Farah Kerbie Dessources a été enlevée, torturée à mort et son corps abandonné dans un faubourg de Port-au-Prince. Ses funérailles ont donné lieu à une manifestation contre le gouvernement et la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (Minustah).
Lundi, un écolier de 6 ans avait été kidnappé en plein coeur de Port-au-Prince par des inconnus.
Mais pour l'ONU en Haïti, le nombre d'enlèvements a diminué au cours des derniers mois pour atteindre le chiffre de 27 en octobre et novembre contre 78 en août et 43 en septembre. «Nous demandons à la population de nous informer sur les enlèvements, c'est la seule façon de combattre ce crime, par le renseignement», souligne le porte-parole de la police civile de la Minustah.
«Les enlèvements sont en baisse», assure aussi le porte-parole de la police haïtienne, Frantz Lerebours. Il a fait état de 110 personnes, dont des présumés kidnappeurs, arrêtées en une semaine à Port-au-Prince.
La recrudescence apparente des enlèvements survient alors qu'une conférence réunissant 90 délégations de pays donateurs et bailleurs de fonds internationaux s'est ouverte hier à Madrid. L'insécurité est souvent mise en avant par des investisseurs potentiels pour expliquer leur réticence à intervenir en Haïti.
Pour les Haïtiens, l'ONU fait très peu pour combattre l'insécurité et la présence de patrouilles mixtes de Casques bleus et de policiers haïtiens dans les rues de Port-au-Prince ne les rassurent pas.
«Ce sont les militaires de l'ONU qui entretiennent l'insécurité pour justifier leur présence dans le pays», accusaient récemment des étudiants qui manifestent régulièrement pour demander le départ de la force onusienne qui compte plus de 7000 militaires.