Le Canada met fin à ses évacuations aériennes au Soudan

La fenêtre de sécurité qui se rétrécirait est maintenant fermée : le Canada met fin à ses évacuations aériennes au Soudan, même si environ 230 Canadiens et résidents permanents ont toujours besoin d’aide du gouvernement fédéral pour sortir de ce pays plongé dans les combats depuis maintenant 16 jours.
Lors d’un point de presse tenu dimanche matin, la ministre de la Défense nationale, Anita Anand, a confirmé que deux avions canadiens avaient quitté le Soudan samedi, avec 205 personnes, dont 60 Canadiens, à leur bord.
En ajoutant ceux qui ont eu lieu jeudi et vendredi, le Canada aura procédé à six vols d’extraction au Soudan. Au total, ce sont quelque 400 Canadiens et résidents permanents qui ont réussi à sortir du pays en date de dimanche matin, que ce soit à bord de ces vols ou par d’autres moyens.
Toutefois, en raison des conditions de sécurité « volatiles, dangereuses et imprévisibles » près de l’aérodrome de Wadi Seidna, d’où ont décollé les appareils canadiens, la ministre Anand a confirmé qu’aucun autre vol n’est prévu pour l’instant.
« Cependant, notre travail n’est pas terminé, et le gouvernement du Canada travaille avec ses alliés pour trouver d’autres moyens pour ses citoyens de quitter le pays », a-t-elle mentionné.
Le gouvernement tourne notamment son attention vers Port-Soudan, où la situation pourrait permettre de mener des opérations d’évacuation par les voies maritimes et terrestres. Deux navires militaires canadiens, le NCSM Montréal et le NM Astérix, sont toujours postés à proximité et sont prêts à intervenir au besoin.
Le Canada pèse aussi l’option de se joindre aux convois de bus organisés par ses alliés, entre autres les États-Unis, bien que cette voie présente son lot de risques à considérer.
« L’évacuation par les routes à partir de [la capitale] Khartoum prend 30 heures et comporte plusieurs risques en cours de chemin, donc ce n’est pas tout le monde qui peut faire ça », a rappelé le directeur général et dirigeant principal de la sécurité d’Affaires mondiales Canada, Sébastien Beaulieu.
Le chef d’état-major de la Défense, le général Wayne Eyre, a néanmoins confirmé que des places avaient été offertes par les États-Unis pour des Canadiens coincés au Soudan dans les convois. Deux voyages ont déjà réussi à quitter le pays, et « plusieurs autres » sont prévus.
Même si les vols canadiens cessent, la ministre Anand a assuré que le gouvernement fédéral allait déployer tous les moyens nécessaires pour offrir son aide aux 230 Canadiens qui ont fait savoir au gouvernement qu’ils avaient besoin de soutien ou d’informations.
« Notre priorité absolue reste le retour, en toute sécurité, de nos compatriotes canadiens. Nous continuons à travailler fort pour y parvenir », a-t-elle soutenu.
Joly sur le terrain
Par ailleurs, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, passera les prochains jours au Kenya afin d’orchestrer la réponse du Canada à la crise au Soudan.
La ministre doit notamment y rencontrer des personnes qui ont été évacuées du pays, ainsi que du personnel diplomatique qui y travaillait jusqu’au début des affrontements.
« Le Kenya a joué un rôle de meneur clé tout au long de cette crise — en répondant aux besoins humanitaires générés par le conflit au Soudan et en aidant à diriger les efforts vers une solution pacifique », a souligné Mme Joly dans un courriel envoyé samedi à La Presse canadienne.
Mme Joly doit également s’entretenir avec des groupes humanitaires afin de mieux cerner les besoins des habitants du Soudan, ainsi que de ceux des personnes qui ont fui vers les pays voisins, en cette période de crise.
Elle prévoit aussi de rencontrer l’ancien premier ministre soudanais Abdalla Hamdok, le seul dirigeant civil du pays au cours des dernières décennies, qui a été renversé lors d’un coup d’État en 2021.
Selon le bureau de Mme Joly, ce voyage de la ministre est semblable à sa visite en Pologne survenue peu après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Arrivée de l’aide humanitaire
Depuis maintenant 16 jours, les combats entre l’armée soudanaise et les Forces rapides de soutien, un puissant groupe paramilitaire, ont fait 528 morts et 4500 blessés au Soudan, selon les données du ministère soudanais de la Santé.
Dimanche, un avion transportant huit tonnes de matériel d’aide médicale d’urgence a atterri au Soudan pour réapprovisionner les hôpitaux dévastés du pays.
Plus des deux tiers des hôpitaux situés dans les zones où les combats ont lieu sont hors service, selon une association nationale de médecins, qui cite une pénurie de fournitures médicales, de personnel, d’eau et d’électricité.
Dimanche, l’avion transportant l’aide médicale a décollé de Jordanie et a atterri à Port-Soudan, a indiqué le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
La livraison, qui comprend notamment des anesthésiques, des pansements et d’autres matériels chirurgicaux, est suffisante pour soigner plus de 1000 personnes blessées dans le conflit, a indiqué le CICR.
Avec Dylan Robertson et l’Associated Press