Burkina Faso: quatre otages libérés par les forces françaises, et deux soldats tués

Cette libération a pu être obtenue grâce à «une opération d’une très grande complexité», a déclaré vendredi la ministre française Florence Parly.
Photo: Jacques Demarthon Agence France-Presse Cette libération a pu être obtenue grâce à «une opération d’une très grande complexité», a déclaré vendredi la ministre française Florence Parly.

Les forces spéciales françaises ont libéré quatre otages — deux Français, une Américaine et une Sud-Coréenne — au cours d’une intervention dans le nord du Burkina Faso, pendant laquelle deux militaires français ont été tués. Cette libération a pu être obtenue grâce à « une opération d’une très grande complexité menée dans la nuit du 9 au 10 mai dans le nord du Burkina », a déclaré vendredi la ministre française des Armées, Florence Parly, lors d’une conférence de presse.

« C’est une opération d’une rare difficulté que peu d’armées au monde sont capables de mener », a-t-elle fait valoir, en rendant hommage à « l’héroïsme des forces spéciales » françaises, qui ont perdu deux des leurs pendant l’assaut contre les ravisseurs. Quatre d’entre eux ont été tués.

Selon le récit du chef d’état-major français, le général François Lecointre, « les commandos des forces spéciales se sont infiltrés dans la nuit noire sur une distance de 200 mètres, malgré la présence d’une sentinelle », avant d’être finalement repérés à 10 mètres des abris des ravisseurs. Cette opération a été « rendue possible par la mobilisation des moyens de [la force antidjihadiste française au Sahel] Barkhane, le soutien logistique des forces burkinabè et le soutien américain en renseignement », a précisé le général.

Les deux Français, Patrick Picque et Laurent Lassimouillas, avaient été enlevés le 1er mai dernier pendant un séjour touristique au Bénin, pays jusque-là épargné par l’insécurité en Afrique de l’Ouest. Le corps du guide béninois des deux Français avait été découvert samedi dans le parc national de la Pendjari, où ils effectuaient un safari. Leur véhicule avait été retrouvé dans l’est du Burkina Faso.

Otages depuis 28 jours

 

Quant aux deux autres otages libérées, une Américaine et une Sud-Coréenne, personne n’avait connaissance de leur présence au Burkina Faso, a affirmé le général Lecointre. « A priori, elles étaient otages depuis 28 jours », a-t-il précisé. Le président français, Emmanuel Macron, accueillera samedi à 17 h locales (11 h, heure de l’Est) les deux ressortissants français ainsi que l’ex-otage sud-coréenne à l’aéroport militaire de Villacoublay, en région parisienne.

Au cours de l’opération, deux militaires ont trouvé la mort au combat, le maître Cédric de Pierrepont et le maître Alain Bertoncello, membres du prestigieux commando marine Hubert, unité d’élite de la Marine française. Le président Macron « s’incline avec émotion et gravité devant le sacrifice de nos deux militaires, qui ont donné leur vie pour sauver celles de nos concitoyens », selon le palais de l’Élysée. Il présidera « en début de semaine prochaine » une cérémonie d’hommage national aux deux commandos marine. « La France a perdu deux de ses fils, nous perdons deux de nos frères », a commenté avec émotion le général Lecointre, la gorge nouée.

Les autorités françaises suivaient l’évolution des ravisseurs depuis plusieurs jours et ont saisi l’occasion d’agir en raison du risque « de transfèrement de ces otages à une autre organisation terroriste qui opère au Mali […] la Katiba Macina » du prédicateur Amadou Koufa, ce qui aurait dès lors « rendu impossible d’organiser une quelconque opération de libération », a-t-il détaillé. L’identité des preneurs d’otages qui avaient enlevé les deux touristes français au Bénin voisin le 1er mai est encore inconnue. Il est « trop tôt pour se prononcer », a déclaré Mme Parly.

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