Affrontements meurtriers entre manifestants et policiers au Soudan

La marche de mardi fait suite à près d'une semaine de manifestations, d'abord déclenchées par la hausse des prix et par les pénuries de denrées alimentaires et d'essence.
Photo: Sudanese Activist via Associated Press / Archives La marche de mardi fait suite à près d'une semaine de manifestations, d'abord déclenchées par la hausse des prix et par les pénuries de denrées alimentaires et d'essence.
Les policiers soudanais auraient utilisé des gaz lacrymogènes et tiré en l'air, mardi, à Khartoum, afin de disperser les milliers de manifestants qui réclament le départ du président Omar el-Béchir, au pouvoir depuis plus de 29 ans.

Selon des vidéos publiées en ligne, les protestataires ont entonné des chants patriotiques et scandé des slogans populaires du Printemps arabe en tentant de se rendre au palais présidentiel.

Une des vidéos semble montrer le corps sans vie d'un manifestant, emporté par un véhicule. Sa tête présente une plaie béante et l'on peut entendre la voix d'un autre manifestant affirmant qu'il a été pris pour cible par un tireur d'élite.

Un vaste déploiement des forces de sécurité avait été organisé en prévision de la manifestation. Dans des images précédemment diffusées par les militants, on pouvait apercevoir des tireurs d'élite de la police prendre place sur les toits à proximité du palais.

Une autre vidéo affirme montrer deux manifestants blessés par balle à la tête et aux jambes. Aucun chiffre fiable sur le nombre de victimes n'est pour l'instant disponible.

Malgré la répression policière, soutenue par des soldats circulant à bord de véhicules tout-terrain, les manifestants se sont obstinés à marcher.

La manifestation a été convoquée par un groupe de syndicats professionnels indépendants, avec l'appui des deux plus grands partis politiques du pays.

La marche de mardi fait suite à près d'une semaine de manifestations, d'abord déclenchées par la hausse des prix et par les pénuries de denrées alimentaires et d'essence.

Selon Amnistie internationale, la police soudanaise aurait déjà tué 37 manifestants dans de tels affrontements.

Dans une déclaration commune publiée lundi, le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Norvège se sont dits préoccupés par des «informations crédibles» selon lesquelles les forces de sécurité soudanaises auraient utilisé de véritables munitions contre des manifestants. Ils ont exhorté tous les camps à ne pas basculer dans la violence, tout en affirmant le droit des Soudanais à manifester pacifiquement pour exprimer leurs «doléances légitimes».

Omar el-Béchir, qui avait accédé au pouvoir par un coup d'État militaire en 1989, est recherché par la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité et génocide commis dans la région du Darfour, où des membres de tribus africaines s'étaient révoltés pour obtenir une part plus importante des ressources et mettre fin à leur discrimination par le reste de la population, majoritairement arabisée et musulmane.

Le Soudan, un pays de plus de 40 millions d'habitants, a perdu les trois quarts de ses richesses pétrolières lorsque le sud, principalement animiste et chrétien, a fait sécession en 2011, après une longue guerre civile. Une dévaluation monétaire plus tôt cette année a provoqué une flambée des prix, tandis qu'une pénurie de liquidités a contraint le gouvernement à limiter les retraits bancaires.

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