Un double attentat de Boko Haram fait des dizaines de morts au Nigeria

Kano — Mubi, ville du nord-est du Nigeria, a connu mardi la « pire attaque » de son histoire, faisant des dizaines de morts selon des témoins, au lendemain de la visite du président nigérian à Washington, où il a remercié Donald Trump pour son aide contre Boko Haram.
En début d’après-midi mardi, à 13 h 30, un kamikaze s’est fait exploser dans une mosquée de Mubi, dans l’État d’Adamawa, puis un second dans un marché qui se trouve à proximité, au moment où les fidèles s’enfuyaient.
Le porte-parole de la police locale, Othman Abubakar, a confirmé la mort de 24 personnes.
De son côté, le responsable de l’Agence nationale de gestion des urgences, Imam Garki, a donné un bilan de 26 personnes tuées et de 56 blessés, dont 11 très grièvement, soulignant également que les kamikazes étaient vraisemblablement « mineurs ».
Ce bilan des autorités officielles a toutefois été contredit par les témoignages de résidents, qui ont assisté à la scène sordide.
« J’ai participé à la mise en terre de 68 personnes », a déclaré Muhammad Hamidu, un habitant de Mubi, à la nuit tombée. « Des corps étaient encore ramenés dans le cimetière alors que je partais, a-t-il ajouté. C’est la pire des attaques qu’a connues Mubi. Les pertes humaines sont inimaginables. »
Un autre résident, Abdullahi Labaran, qui a participé lui aussi aux enterrements dans le cimetière, a assuré avoir compté « 73 tombes creusées » pour les victimes.
« Il y a encore des corps qui n’ont pas été réclamés à l’hôpital », a ajouté M. Labaran. « Le bilan est bien plus élevé que ce qui a été avancé plus tôt [dans la journée] », selon lui.
« C’est le chaos ici », avait rapporté à l’AFP un secouriste volontaire, Habu Saleh, peu après l’explosion. « Nous avons transporté des dizaines de morts et de blessés vers l’hôpital », a-t-il expliqué sans pouvoir de donner de détails sur le bilan.
La ville de Mubi a été régulièrement visée par les attaques du groupe djihadiste nigérian Boko Haram, qui sévit dans le nord-est du Nigeria.
Fin novembre, au moins 50 personnes ont été tuées dans un attentat similaire.
Contrats américains
La lutte contre le mouvement djihadiste a été au coeur de la rencontre entre le président nigérian, Muhammadu Buhari, et son homologue américain à la Maison-Blanche en début de semaine.
« Nous sommes très reconnaissants aux États-Unis pour leur fort soutien dans notre lutte contre le terrorisme », a déclaré M. Buhari, qui est le premier président d’Afrique subsaharienne à être reçu en visite officielle à Washington depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.
« Nous vous sommes également très reconnaissants pour votre accord pour vendre douze avions militaires Super Tucano A-29 et des armes au Nigeria pour se battre de manière efficace », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse.
Les États-Unis ont vendu cette année pour 496 millions de dollars d’armement au Nigeria, un contrat portant sur des avions Super Tucano qui avait été bloqué par le gouvernement de Barack Obama.