Le bras de fer pouvoir-opposition se poursuit

Des passants se recueillent devant un autel improvisé à Libreville. Les violences au Gabon ont fait trois morts et 105 blessés, dont 67 parmi les forces de sécurité, depuis la semaine dernière.
Photo: Marco Longari Agence France-Presse Des passants se recueillent devant un autel improvisé à Libreville. Les violences au Gabon ont fait trois morts et 105 blessés, dont 67 parmi les forces de sécurité, depuis la semaine dernière.

Le camp du président sortant Ali Bongo Ondimba et celui de son rival Jean Ping, qui s’est proclamé élu, poursuivaient mardi leur bras de fer, sur fond d’inquiétude grandissante de la communauté internationale, l’Union européenne (UE) faisant état d’une « anomalie évidente » dans les résultats du scrutin du 27 août.

Aucun trouble majeur n’était signalé mardi après-midi dans la capitale Libreville. Comme la veille, l’activité a repris au ralenti, chacun attendant avec angoisse l’issue de la confrontation entre pouvoir et opposition.

L’UE a annoncé mardi avoir relevé « une évidente anomalie » dans les résultats de l’élection à un tour du 27 août. « Une analyse portant sur le nombre de non-votants et des bulletins blancs et nuls révèle une évidente anomalie dans les résultats finaux du Haut-Ogooué », fief de la famille Bongo qui dirige le pays depuis près de 50 ans, a indiqué la chef de la mission d’observation de l’UE à l’élection, Mariya Gabriel dans une déclaration transmise à l’AFP.

Cette province, selon les résultats officiels provisoires, a enregistré un taux de participation de 99,93 % et permis au président sortant Ali Bongo d’être réélu d’une courte tête (5594 voix d’avance).

Plus tôt mardi, la France, ancienne puissance coloniale, avait souhaité, par la voix de son premier ministre, Manuel Valls, un nouveau décompte des voix.

 

Ce nouveau décompte est réclamé par M. Ping qui a lancé lundi un appel virulent à une « grève générale » pour « faire tomber le tyran ».

De son côté, le pouvoir refuse tout recompte en arguant que la loi électorale ne le prévoit pas, et a accusé l’opposant de « complot » par la voix du porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie-By-Nze.

Refus de la Cour

 

Face à ces multiples demandes de décompte, le pouvoir invite l’opposition à se tourner vers la Cour constitutionnelle. Jusqu’à présent, celle-ci refuse, affirmant que la Cour est inféodée à la présidence. La date butoir pour le dépôt des recours devant la Cour est jeudi à 16 h, heure locale.

Les violences au Gabon après l’annonce de la réélection contestée du président sortant Ali Bongo la semaine dernière ont fait trois morts et 105 blessés, dont 67 parmi les forces de sécurité, a déclaré lundi le ministre de l’Intérieur, Pacôme Moubelet-Boubeya.

Mardi après-midi, des partisans de l’opposition se sont rassemblés devant une chapelle ardente baptisée « chapelle des combattants morts pour la patrie » dressée en mémoire des victimes au QG de campagne de M. Ping, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Lors d’une nouvelle audience au tribunal de Libreville où ont comparu des dizaines de personnes arrêtées la semaine dernière, deux frères franco-gabonais, Baptiste, 29 ans, et Cassien, 25 ans, ont été libérés mardi, a constaté un journaliste de l’AFP.

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