Le parti de Mandela encaisse un revers historique

Historiquement bas au niveau national, battu à Port Elizabeth et en ballottage dans la capitale Pretoria, l’ANC, au pouvoir en Afrique du Sud, a subi de lourds revers lors de ces élections municipales, l’obligeant à une remise en cause inédite.
Si le Congrès National Africain (ANC) reste le premier parti d’Afrique du Sud au niveau national, il enregistre un fort recul dans les urnes avec 54,4 % des voix, en baisse de 7 points par rapport à 2011, sur la quasi-totalité des bulletins dépouillés.
C’est la première fois depuis la fin de la dictature raciste de l’apartheid en 1994 et l’avènement de la démocratie en Afrique du Sud que le parti de Nelson Mandela enregistre un score inférieur à 58 % sur l’ensemble du pays.
« C’est un déclin dramatique, dans des proportions jamais vues auparavant », note l’analyste politique Somadoda Fikeni, interrogé par l’AFP.
À Nelson Mandela Bay, la métropole qui englobe la ville industrielle de Port Elizabeth, l’ANC est battue de plus de six points par l’Alliance Démocratique (DA) (46,7 % contre 40 %), après le dépouillement de tous les bulletins.
Cette défaite dans la sixième ville du pays, un bastion historique de la lutte anti-apartheid, est un sérieux camouflet pour l’ANC. Et elle pourrait être suivie par d’autres échecs tout aussi symboliques à Johannesburg et à Tshwane, la métropole qui englobe la capitale Pretoria.
C’est un déclin dramatique, dans des proportions jamais vues auparavant
Un cinquième des bulletins doivent encore être dépouillés dans ces villes, mais l’ANC, au coude à coude avec la DA dans les deux métropoles, devrait perdre sa majorité absolue dans ces deux municipalités.
« Clairement, nos électeurs nous ont envoyé des messages un peu partout et nous allons devoir les écouter avec attention », a reconnu vendredi le vice-président de l’ANC et de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, assurant que le parti allait mener son « introspection ». « Les gens pensent que nous sommes arrogants, que nous sommes autocentrés, mais je veux contredire cela. Nous sommes une organisation qui écoute son peuple », a-t-il poursuivi.
La gauche radicale monte
L’ANC souffre notamment de la percée de l’EFF, un parti de gauche radicale qui participe à ses premières municipales.
Avec près de 8 % des suffrages au niveau national, la formation du populiste Julius Malema, un exclu de l’ANC, grignote dans l’électorat déçu par les promesses non tenues du parti au pouvoir.
Du côté de la DA, qui conserve également la métropole du Cap avec une écrasante majorité (plus de 66 %), ces bons résultats dans les grandes villes cachent une progression finalement modeste au niveau national (+2 points par rapport à 2011, à 26 %).
Pour le leader du parti, Mmusi Maimane, ces succès montrent que « le processus démocratique fonctionne ». « Nous devons maintenant travailler dur pour former une majorité avec des gens qui comprennent nos valeurs », poursuit-il.