L’épidémie de fièvre Ebola s’amplifie en Guinée

Conakry — L’épidémie de fièvre Ebola en Guinée prenait vendredi de l’ampleur, la capitale Conakry, jusqu’ici épargnée, étant désormais touchée par ce virus mortel et hautement contagieux qui inquiète de plus en plus les pays voisins.
Quatre cas de fièvre Ebola ont été confirmés jeudi à Conakry (nord-ouest) de même qu’un cinquième cas de fièvre hémorragique mortel, dont l’origine n’a pas été révélée. Les personnes atteintes ont été placées à l’isolement à l’hôpital Donka, le plus grand de la capitale guinéenne.
Au total, 103 cas suspects de fièvre hémorragique virale ont été détectés depuis le début de l’épidémie en janvier en Guinée, ayant entraîné la mort de 66 personnes, soit un taux de létalité de 64 %. La grande majorité des cas ont été enregistrés dans des villes et régions du sud de la Guinée, considéré comme le foyer de l’épidémie.
Les échantillons prélevés sur 41 sujets de cas suspects ont été examinés et 15 cas se sont révélés positifs au virus Ebola, selon le ministère guinéen de la Santé qui n’a pas précisé quelle était l’origine des autres cas.
À ce bilan guinéen, s’ajoutent huit cas suspects — dont six mortels — de fièvre hémorragique virale au Liberia et six cas sus- pects — dont cinq mortels — en Sierra Leone, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Vendredi, 77 personnes avaient trouvé la mort sur 117 cas de fièvre hémorragique virale dans les trois pays.
Appel à l’aide
« Fortement préoccupée » par l’épidémie qui représente « une sérieuse menace régionale », la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) regroupant quinze pays dont la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, a appelé la communauté internationale à l’aide.
Si certaines précautions sont prises, la fièvre Ebola « n’est pas une maladie qui, normalement, fait un nombre élevé de victimes » contrairement à « la grippe ou d’autres maladies transmissibles », a rappelé à Genève le porte-parole de l’OMS, Gregory Härtl. L’OMS n’a pas l’in- tention d’édicter des restrictions de voyage vers la Guinée, a-t-il dit.
Les habitants de Conakry interrogés par l’AFP vendredi étaient cependant effarés par la nouvelle de l’arrivée d’Ebola dans leur ville, parlant d’une « nouvelle malédiction divine » qui s’abat sur leur pays à l’histoire marquée par la violence politico-militaire et frappé par la pauvreté.
Panique
« La panique est totale au sein de la population, nous les femmes, nous avons même peur maintenant d’aller au marché nous frotter avec les autres, parce qu’on nous dit que même le simple frottement est source de contamination », affirme Fanta Traoré.
Aminata Camara, employée de banque, estime que « cette maladie est extrêmement grave, plus que le sida et le choléra, plus que la tension et le diabète, parce qu’au moins ces maladies ont un traitement et peuvent être guéries à la longue ».
Responsable de la prévention au ministère guinéen de la Santé, le Dr Sakoba Keïta a expliqué que les cas d’Ebola à Conakry avaient pour origine le décès dans la capitale d’un commerçant de la région de Dabola (centre) que sa famille est ensuite allée enterrer là-bas avant de revenir à Conakry.
Les scientifiques estiment que les rituels funéraires, au cours desquels les parents et amis sont en contact direct avec le corps du défunt, jouent un rôle important dans la transmission d’Ebola.