Tunisie: la Constitution paraphée donne les clés d’une sortie de crise

Le président tunisien Moncef Marzouki fait un signe de victoire après la signature de la Constitution du pays.
Photo: Associated Press Aimen Zine Le président tunisien Moncef Marzouki fait un signe de victoire après la signature de la Constitution du pays.

Les dirigeants tunisiens ont paraphé lundi la nouvelle Constitution, un texte historique devant permettre à ce pays berceau du Printemps arabe de sortir d’une profonde crise politique, avec des élections dans l’année.

 

Le chef de l’État, Moncef Marzouki, le premier ministre sortant, Ali Larayedh, et le président de l’Assemblée nationale Constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, ont signé la Loi fondamentale sous les applaudissements des députés qui l’avaient adoptée dans la nuit de dimanche à lundi après plus de deux ans de travaux tendus.

 

Après sa publication au Journal officiel, elle entrera en vigueur par étapes, notamment dans l’attente de l’élection d’un Parlement et d’un président de la République.

 

Le texte consacre un exécutif bicéphale et accorde une place réduite à l’islam, dans un pays à forte tradition séculière. Il introduit aussi pour la première fois dans le monde arabe un objectif de parité homme-femme dans les assemblées élues.

 

M. Marzouki a salué une « victoire contre la dictature », tout en soulignant qu’il ne s’agissait que d’une étape pour ancrer la démocratie. La Tunisie a connu plus d’un demi-siècle de dictature, sous Habib Bourguiba, puis sous Zine El Abidine Ben Ali.

 

« Le chemin est encore long, a-t-il noté. Il reste un grand travail à faire pour que les valeurs de notre Constitution fassent partie de notre culture ».

 

« Nous avons été à quelques pas du précipice », a rappelé de son côté M. Ben Jaafar.

 

L’adoption de la Constitution, tout comme l’annonce dimanche d’un gouvernement d’indépendants, constituent des étapes clés pour extirper la Tunisie d’une profonde crise politique.

 

L’assassinat en juillet du député d’opposition Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste, précédé en février par celui de l’opposant Chokri Belaïd, a profondément déstabilisé le pays et paralysé ses institutions. Il aura fallu la promesse de départ du pouvoir des islamistes du parti Ennahda, majoritaires, pour amorcer la sortie de crise.

 

Le vote de la Constitution a été salué à l’étranger, alors que la Tunisie, malgré une transition très chaotique, a réussi à préserver sa stabilité contrairement à d’autres pays du Printemps arabe.

 

Le président du Sénat français, Jean-Pierre Bel, a salué à la tribune de l’ANC « un engagement pour la démocratie » et rendu « hommage à la détermination de l’ensemble d’un peuple ».

 

Le secrétaire-général de l’ONU, Ban Ki-moon, a lui évoqué une « étape historique » et estimé que la Tunisie représentait un « modèle pour les autres peuples aspirant à des réformes ».

 


Par Kaouther Larbi

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