Algérie: au moins 23 otages et 32 militants ont été tués

In Amenas - Le gouvernement algérien a annoncé samedi la mort de 23 captifs et de 32 islamistes au cours des opérations militaires visant à mettre fin à la crise des otages sur un site gazier.
Le bilan provisoire a été confirmé par le ministère de l'Intérieur, samedi après que les forces spéciales algériennes eurent attaqué le dernier bastion des ravisseurs dans le complexe. L'assaut de samedi a fait 11 morts parmi les extrémistes islamistes et sept parmi les otages.Les militaires sont parvenus à libérer 685 Algériens et 107 travailleurs étrangers depuis le début des opérations, mercredi, a ajouté le ministère de l'Intérieur. Ce dernier a précisé que les 32 preneurs d'otages étaient de différentes nationalités.
Les soldats ont saisi des mitrailleuses, des lance-roquettes, des missiles et des grenades attachées à des ceintures.
L'agence de presse officielle algérienne a affirmé que l'armée a été forcée d'intervenir après qu'un incendie eut éclaté dans le complexe et que ce sont les ravisseurs qui ont exécuté les captifs. Il n'a pas été possible de vérifier dans l'immédiat qui était responsable de la mort des otages.
L'installation située à In Amenas, dans le sud-est de l'Algérie, est cogérée par la compagnie britannique BP, l'entreprise norvégienne Statoil et la société d'État algérienne Sonatrach. Les gouvernements de la Grande-Bretagne et de la Norvège ont annoncé avoir reçu la confirmation que le siège était terminé.
Selon un communiqué émis par Sonatrach, les insurgés avaient posé des mines et des explosifs partout dans le complexe et prévoyaient le faire exploser, une nouvelle également rapportée par les médias algériens. La société a ajouté que le processus de déminage avait déjà commencé.
Le site de nouvelles mauritanien ANI aurait aussi cité une source anonyme appartenant au groupe de militants disant que les ravisseurs provenaient de plusieurs pays, dont le Mali, l'Égypte, le Niger, la Mauritanie et le Canada.
Le gouvernement canadien a pour sa part déclaré qu'il tentait d'obtenir davantage d'informations et demeurait en contact avec les autorités algériennes.
Par ailleurs, un Canadien qui travaillait au complexe au moment de l'attaque des extrémistes mercredi s'en est sorti indemne.
Fidèle à ses habitudes, l'Algérie a préféré l'intervention militaire à la négociation avec les terroristes et son choix a suscité un tollé sur la scène internationale au sein des pays inquiets pour leurs ressortissants. L'armée algérienne a lancé des attaques contre les militants par deux fois, soit jeudi et samedi, apparemment sans vraiment négocier.
Les extrémistes affiliés à Al-Qaïda ont attaqué le complexe mercredi matin. Ils ont franchi la frontière entre la Libye et l'Algérie à environ 100 km de l'installation, et sont tombés sur deux autobus qui transportaient des travailleurs étrangers vers l'aéroport. L'escorte qui accompagnait les véhicules a repoussé les assaillants au terme d'une violente fusillade durant laquelle un Britannique et un Algérien ont été tués.
D'après le gouvernement algérien, les militants contrariés par cet échec se sont alors rabattus sur le vaste complexe de production de gaz naturel, composé d'un secteur résidentiel et de l'usine comme telle, où ils ont pris des otages.
Des témoins ont rapporté que des hélicoptères de l'armée algérienne avaient ouvert le feu sur un convoi transportant les ravisseurs et les captifs, faisant plusieurs morts.
Dans leur dernière déclaration, les insurgés ont affirmé détenir encore sept otages: trois Belges, deux Américains, un Japonais et un Britannique. Ils ont menacé de les liquider si les militaires algériens attaquaient.
Un Américain originaire du Texas est au nombre des captifs ayant péri et les extrémistes ont proposé d'échanger deux autres de ses compatriotes contre deux terroristes actuellement emprisonnés aux États-Unis, une offre que Washington a fermement refusé. Un Français faisant partie de l'équipe de sécurité et un Roumain ont aussi été tués.
D'après l'un des militants interviewé par le site ANI, l'assaut mené par «La Brigade masquée», une organisation basée au Mali, était en préparation depuis deux mois. L'homme a précisé que le groupe avait choisi de frapper l'Algérie parce qu'il croyait que cette dernière allait soutenir l'opération internationale contre les insurgés islamistes en sol malien.
Par Paul Schemm et Anis Belghoul