Un convoi militaire franchit la frontière - Le Niger est prié d'arrêter les responsables libyens sur son territoire

Des rebelles libyens patrouillaient hier, près d’al-Washka, à 170 kilomètres de Syrte.
Photo: Agence Reuters Goran Tomasevic Des rebelles libyens patrouillaient hier, près d’al-Washka, à 170 kilomètres de Syrte.

Plusieurs membres de haut rang du régime de l'ex-dirigeant de la Libye, Mouammar Kadhafi, se trouvaient dans l'important convoi militaire qui a franchi hier la frontière libyo-nigérienne pour mettre le cap sur Niamey.

Le convoi formé de 200 à 250 véhicules libyens s'est d'abord arrêté à Agadez, pour ensuite reprendre la route en direction de la capitale, Niamey.

Escorté par l'armée nigérienne, il est probablement passé par l'Algérie avant d'entrer au Niger, selon des sources militaires. Plusieurs soupçonnent Mouammar Kadhafi et son fils Saïf al Islam d'envisager de rejoindre le convoi se dirigeant vers le Burkina Faso.

Les autorités de Niamey ont confirmé à l'ambassadeur des États-Unis que des Libyens de haut rang étaient dans le convoi, a indiqué la porte-parole du département d'État, Victoria Nuland, ajoutant que Washington a demandé au Niger d'arrêter ces hauts responsables. «Nous avons vivement conseillé aux dirigeants nigériens d'arrêter les membres du régime qui pourraient être l'objet de poursuites, de faire en sorte que leurs armes éventuelles soient confisquées de même que toute propriété du gouvernement libyen, argent, bijoux, etc. De sorte qu'ils puissent être rendus au peuple libyen», a-t-elle dit.

Un problème

À Tripoli, les nouvelles autorités libyennes ont confirmé qu'environ 200 voitures étaient passées au Niger. «Ce genre de convoi transporte généralement Kadhafi ou l'un de ses fils», a déclaré le porte-parole du Conseil national de transition (CNT) Jalal el-Gallal.

Mais, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Mohamed Bazoum, a soutenu que Mouammar Kadhafi, en fuite, ne faisait pas partie du convoi. «M. Kadhafi représenterait un problème pour le Niger». Pour sa part hier soir, le Burkina Faso a «totalement» exclu d'accorder l'asile au colonel Kadhafi pour ne pas «se créer des problèmes».

Dimanche, un premier convoi était arrivé au Niger avec à son bord la figure de la révolte touareg Agaly Alambo et le chef des brigades sécuritaires sous Kadhafi, Mansour Daw.

Les rumeurs ont couru toute la journée hier. Ainsi, un membre du Conseil national de transition (CNT) a indiqué, citant des informateurs touaregs, qu'un convoi de dix véhicules transportant de l'or et de l'argent en liquide avait aussi pénétré au Niger. «Tard hier soir, dix véhicules chargés d'or, d'euros et de dollars sont passés au Niger via Djoufra avec l'aide de touaregs d'une tribu nigérienne», a déclaré le président de la commission pour les affaires politiques et internationales du CNT, Fathi Badja. Ces richesses auraient été volées à l'agence de la Banque centrale libyenne à Syrte, selon le CNT.

L'ambassadeur du Niger aux Nations unies à Genève, Adani Illo, a souligné qu'il était très difficile de surveiller le Sahara. «Le désert est vaste et les frontières sont poreuses. Si un convoi formé de 200 à 250 véhicules le traverse, c'est comme une goutte d'eau dans l'océan», a-t-il dit.

Les avions de l'OTAN et les satellites espions ont néanmoins ratissé durant des mois le désert libyen, laissant penser qu'un convoi de cette taille ne pouvait pas leur échapper.

Des discussions

Hier, l'OTAN a poursuivi ses frappes, notamment autour de Syrte, ville natale de Kadhafi sur la côte méditerranéenne, où les premiers combats à l'arme lourde depuis plusieurs jours ont été signalés. Selon des combattants, tirs de roquette et pilonnages ont eu lieu à l'est de la ville contrôlée par les partisans de l'ancien «guide».

Par ailleurs, les discussions ont repris entre le CNT et les Kadhafistes pour obtenir la reddition de Bani Walid, à 150 kilomètres au sud-est de Tripoli. Quatre chefs tribaux ont rencontré hier des négociateurs du CNT dans une petite mosquée, à une quarantaine de kilomètres au nord de la ville.

Cette possible reddition laisse penser que des cadres du régime de Kadhafi ont quitté la ville, dont le sort est considéré comme un indicateur de la capacité du CNT à surmonter les rivalités tribales et à ramener le calme en Libye apèès six mois de guerre civile.

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Avec Reuters

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