Incidents au procès de Moubarak
Le Caire — Des échauffourées ont opposé partisans et adversaires d'Hosni Moubarak hier à l'intérieur et hors du tribunal où se tenait la troisième audience du procès du président égyptien déchu, consacrée aux dépositions de plusieurs anciens responsables de la police.
Hosni Moubarak, qui s'est de nouveau présenté allongé sur une civière, est jugé pour corruption, détournement de fonds publics et meurtre avec préméditation dans le cadre de la répression du mouvement qui a provoqué sa démission en février et fait 840 morts selon un bilan officiel.Âgé de 83 ans, il est le premier dirigeant arabe jugé en personne depuis qu'ont éclaté les révoltes du «printemps arabe» au début de l'année. Des incidents ont éclaté à l'extérieur du tribunal où des manifestants déploraient la lenteur d'un procès qui s'est ouvert le 3 août. Un homme au visage couvert de sang a crié: «Je demande au peuple égyptien libre, aux jeunes de la révolution, de regarder ce que la sûreté de l'État fait des révolutionnaires.»
À l'intérieur de la salle d'audience, les forces de l'ordre ont dû intervenir pour interrompre une bagarre entre certains avocats, des plaignants et des fidèles de l'ancien raïs, évincé du pouvoir lors d'un soulèvement populaire en février et hospitalisé depuis avril pour problèmes cardiaques notamment.
Après les deux premières audiences, suivies avec fascination par les Égyptiens sur leurs écrans de télévision, le juge Ahmed Refaat avait cette fois interdit les caméras au procès organisé à l'École de police du Caire.
L'agitation à l'intérieur du tribunal a amené le juge à décider une suspension d'audience qui a retardé les dépositions de quatre témoins de la police. Dans la soirée, le procès a été ajourné et la prochaine audience fixée à demain.
Le général Hussein Saïd Mohamed Moussa, qui était responsable de la communication au centre opérationnel de la police lors du soulèvement, a affirmé: «En trente ans d'expérience au sein de la sûreté de l'Etat, je n'ai été informé d'aucun incident où l'on ait ordonné d'utiliser des munitions réelles contre des manifestants.»
Moussa, initialement présenté sous le nom de Moursi par la télévision d'État, a déclaré que la police avait été dotée de munitions réelles pour protéger le ministère de l'Intérieur et plusieurs prisons.
La décision, a-t-il dit, aurait été prise par un haut responsable de la police égyptienne, Ahmed Ramzi, qui comparaît avec Moubarak, de même que les deux fils du président déchu, Gamal et Alaa, son ex-ministre de l'Intérieur Habib Adli et cinq autres hauts responsables de la police. Hussein Moussa a évoqué notamment les événements du 28 janvier, l'une des journées les plus violentes, en déclarant que la police avait reçu l'ordre d'empêcher des manifestants d'atteindre la place Tahrir, point central du mouvement de contestation.