Les rebelles libyens se rapprochent de Syrte; l’ONU envoie 600 tonnes de vivres

Tripoli — Les rebelles libyens ont annoncé vendredi avoir poursuivi leur progression vers Syrte, dernier grand bastion pro-Kadhafi, où les négociations se poursuivent sur l’éventuelle reddition de la ville. De son côté, l’ONU faisait état de pénuries critiques d’eau potable, de vivres, de carburant et de médicaments dans le pays.

Malgré les négociations en cours, les rebelles ont continué à avancer vers Syrte, ville natale de Mouammar Kadhafi, a déclaré Abdel-Hafiz Ghoga, porte-parole du Conseil national de transition (CNT). Des combattants insurgés ont atteint la localité de Wadi Hawarah, à une cinquantaine de kilomètres de Syrte, a-t-il précisé.

«Les rebelles sur la ligne de front ont très envie d’avancer sans attendre. Ils vivent dans des conditions difficiles au milieu du désert et dans la chaleur, a expliqué M. Ghoga, assurant toutefois que les insurgés préféraient le scénario d’une reddition à celui d’une attaque sanglante. Peut-être que demain ou le jour d’après, les habitants de Syrte lèveront le drapeau de l’indépendance et que nous pourrons entrer pacifiquement sans combattre.»

Les rebelles avaient initialement donné jusqu’à samedi à la ville pour se rendre, mais ont finalement repoussé leur ultimatum d’une semaine. «Une semaine ce n’est pas grand-chose», a commenté M. Ghoga, ajoutant que les négociations se poursuivaient à Syrte avec des chefs tribaux.

Après six mois de combats qui ont endommagé les infrastructures du pays et perturbé l’acheminement de ravitaillements, de nombreux Libyens ont besoin d’aide humanitaire. Plusieurs agences de l’ONU ont pu regagner Tripoli depuis la stabilisation de la situation dans la capitale libyenne, a expliqué le coordinateur humanitaire des Nations unies pour le pays, Panos Moumtzis.

M. Moumtzis a précisé jeudi soir que l’ONU avait acheminé 11 millions de bouteilles et enverrait 600 tonnes de vivres et pour 100 millions d’euros de médicaments. Il a également souligné que l’aide de l’ONU serait temporaire. «Ce pays a beaucoup de ressources et nous estimons que ses besoins humanitaires sont de court terme, a-t-il dit. Je ne pense pas que le programme humanitaire ira au-delà de la fin de l’année.»

Par ailleurs, Aref Ali Nayed, membre de l’équipe de stabilisation du gouvernement intérimaire libyen, a précisé que des équipes de cinq compagnies pétrolières étrangères possédant des infrastructures en Libye étaient «déjà de retour» dans le pays pour évaluer les dégâts et relancer la production d’or noir.

S’exprimant vendredi à Paris, où il a rencontré des responsables onusiens et internationaux pour discuter de l’avenir de la Libye, il a identifié l’une des compagnies comme étant l’Italien Eni, mais n’a pas donné les noms des quatre autres. Il a affirmé que le Conseil national de transition respecterait les contrats en cours.

De son côté, l’envoyé de la Russie auprès de l’OTAN, Dimitri Rogozine, a estimé vendredi que la guerre en Libye montrait que l’Alliance atlantique était désormais davantage intéressée par «les terres riches en pétrole de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient» que par une nouvelle expansion vers l’Est. M. Rogozine juge l’intervention de l’OTAN en Libye légitime car visant à protéger les civils. Mais il a affirmé que sa principale motivation était l’accès au pétrole libyen.

Appuyés par l’OTAN, les rebelles ont désormais pour objectif non seulement Syrte mais aussi les villes de Bani Walid, à 140 kilomètres au sud-est de Tripoli, et de Sabha (sud). Ils estiment que Mouammar Kadhafi pourrait se trouver dans l’une des trois localités.

Dans un message audio diffusé jeudi soir par la chaîne de télévision syrienne Al-Raï, le dirigeant libyen appelle ses partisans à poursuivre le combat et ne pas se rendre à l’insurrection. Dans un second message sonore diffusé jeudi soir par la même chaîne, Kadhafi accuse l’OTAN de vouloir occuper son pays pour voler le pétrole libyen et demande à ses fidèles de se préparer à «combattre l’occupation».

Les insurgés se sont emparés de la plus grande partie de la Libye, dont Tripoli. Les forces kadhafistes ne tiennent plus que quelques secteurs du centre du pays.

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