Les « amis de la Libye » se réunissent à Paris

Alors que les insurgés ont lancé un ultimatum aux localités prokadhafistes, le président français, Nicolas Sarkozy, qui avec le premier ministre britannique, David Cameron, a joué un rôle leader dans l'intervention internationale en Libye, célèbre aujourd'hui la victoire dans une «conférence des amis de la Libye» avec une soixantaine de dirigeants.

Parmi eux, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, ainsi que des représentants de l'Union africaine et de l'Organisation de la conférence islamique. «Tous les continents sont représentés», se félicite-t-on à l'Élysée. Le sommet, qui ne durera que quelques heures, vise avant tout à marquer la fin des opérations militaires et le début de la transition politique et de la reconstruction.

La question du dégel des avoirs libyens sera au centre des discussions. Mardi déjà, le comité des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU a approuvé la demande de Londres de débloquer 1,6 milliard de dollars d'avoirs libyens gelés afin d'apporter une aide humanitaire à Tripoli. Hier, c'était au tour de l'Italie d'annoncer avoir débloqué plus de 700 millions de dollars pour le CNT, une somme à valoir sur le dégel des avoirs libyens dans les banques italiennes. Son ambassade rouvrira ses portes le 1er septembre, a annoncé le ministère italien des Affaires étrangères. De son côté, l'Espagne a annoncé avoir mis à disposition du CNT 23 millions de fonds libyens déposés en Espagne.

L'Union européenne compte, pour sa part, lever une partie de ses sanctions qui pèsent sur six ports libyens, quatre compagnies pétrolières et une douzaine d'autres entités, selon des sources diplomatiques européennes. L'objectif des 27: aider le CNT à renouer avec une activité économique normale. L'UE est parvenue hier à un accord de principe sur la levée de ces sanctions, qui concerne au total 28 entités, a-t-on précisé, mais la décision finale devrait entrer en vigueur demain. La Libye, pays très riche en pétrole, va remettre en état de nombreux puits pétroliers dans les prochains jours, a annoncé le CNT. L'organe des rebelles a cependant précisé que ses exportations de brut ne reprendraient que progressivement.

L'aide de l'ONU

La période post-conflit devra être gérée avec l'aide de l'ONU, estime de son côté l'organisation internationale. L'ONU pourrait ainsi mettre en place une force internationale de policiers pour former les forces libyennes de sécurité. «Il n'y a pas de machinerie électorale, pas de commission électorale, pas d'historique de partis politiques. La société civile, les médias indépendants, commencent à peine à émerger dans l'Est», a souligné Ian Martin, le conseiller spécial pour la planification post-conflit de l'ONU qui a également tenu à souligner les besoins d'aide internationale pour l'organisation d'élections.

Si Ian Martin a relevé le désir des Libyens «d'éviter tout déploiement militaire de l'ONU ou de qui que ce soit», il a également souligné le souhait de la CNT que l'ONU joue un rôle important dans la période post-Kadhafi. Message identique de la France: «Il s'agit de rassembler la communauté internationale derrière les nouvelles autorités pour les aider à réussir la transition démocratique et la construction d'une Libye nouvelle», a déclaré l'Élysée. Ban Ki-moon, Ian Martin et d'autres responsables de l'ONU doivent discuter aujourd'hui avec le leader de la rébellion, Moustapha Abdeljalil.

L'OTAN

Les alliés tentent ainsi d'afficher un discours optimiste: alors qu'en Libye, les bombardements de l'OTAN s'intensifient sur Syrte, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, estime que la reddition de la ville natale de Kadhafi «sera le dernier bastion qui marque la chute du régime». La mission de l'OTAN «se conclura quand la Libye sera libre», a-t-il encore déclaré, ajoutant que le mandat actuel de la mission arrivait à terme le 27 septembre.

L'OTAN pourrait toutefois continuer à faire appliquer l'embargo sur les armes vers la Libye et poursuivre ses vols de surveillance de l'espace aérien libyen, même une fois la guerre terminée, ont indiqué des responsables de l'alliance, s'exprimant sous couvert de l'anonymat. Une mission qui, si elle se confirmait, ne se ferait que sous un mandat clair de l'ONU, ont précisé ces responsables réunis mercredi à Bruxelles pour une réunion du Conseil de l'Atlantique Nord (CAN). Les représentants de l'OTAN sont tombés d'accord pour souligner qu'aucune troupe au sol ne serait déployée pour des opérations de maintien de la paix à la fin du conflit.

Pékin et Moscou

La Russie qui a gardé jusqu'au dernier moment le suspense sur ses intentions concernant la conférence participera à la réunion. Moscou, allié traditionnel de Tripoli, avait refusé en juillet de reconnaître le CNT, instance dirigeante de la rébellion, comme «seule autorité» du pays. Le président russe, Dmitri Medvedev, a cependant indiqué le 24 août que la Russie était prête à établir des relations avec les insurgés s'ils parvenaient à unir le pays.

La Chine, qui elle non plus n'a pas reconnu le CNT, se rendra en tant qu'observateur à la conférence. Pékin, comme Moscou, s'était abstenu lors du vote au Conseil de sécurité de la résolution 1973 permettant l'intervention internationale en Libye.

Le ministère des Affaires étrangères algérien a également fait savoir, par simple voie de communiqué, que le ministre Mourad Medelci représentera son pays à la conférence.

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