Tunis demande à Riyad l'extradition de Ben Ali

Tunis — Tunis a demandé hier à Riyad l'extradition du président déchu Ben Ali pour qu'il puisse répondre d'accusations liées à la violente répression des manifestations du mois dernier. Le ministère tunisien des Affaires étrangères a aussi réclamé des informations sur son état de santé ou «son décès éventuel».
Dans un communiqué cité par l'agence TAP, le ministère tunisien des Affaires étrangères indique avoir formulé une demande à Riyad afin de lui fournir «toutes les données dont il dispose concernant l'état de santé du président déchu, à la lumière des informations contradictoires véhiculées à propos de la détérioration de son état de santé et de son décès éventuel».L'ex-président âgé de 74 ans, qui s'est réfugié en Arabie saoudite le 14 janvier sous la pression de la rue, se trouve dans un hôpital de Jeddah dans le coma à la suite d'un accident vasculaire cérébral, avait indiqué jeudi à l'AFP un proche de sa famille.
Dans le même communiqué, le ministère annonce avoir adressé «une demande officielle aux autorités saoudiennes» qui a «pour objet d'extrader le président déchu».
Une demande qui fait «suite à une nouvelle série d'accusations adressées à l'encontre du président déchu, accusations relatives à son implication dans plusieurs crimes graves qui consistent à commettre et à inciter à l'homicide volontaire et à semer la discorde entre les citoyens d'un même pays en les poussant à s'entretuer».
Dans une déclaration à la télévision nationale, Radhouane Rouissi, secrétaire d'État tunisien au ministère des Affaires étrangères, s'est déclaré certain que «les autorités saoudiennes vont répondre positivement à nos demandes qui sont des demandes de tout le peuple qui a beaucoup souffert sous le régime de Ben Ali».
Manifestations
Des milliers de Tunisiens ont manifesté dans Tunis pour réclamer la démission du gouvernement de transition de Mohamed Ghannouchi, après une nouvelle semaine d'instabilité marquée par le meurtre d'un prêtre polonais à la mémoire duquel une messe a été célébrée.
Dans Tunis, quelque 4000 personnes ont manifesté devant la Kasbah, siège de la Primature, au cri de «Gouvernement de Ghannouchi dégage», reprenant le slogan de la révolution «Ben Ali dégage» qui a provoqué la chute de l'ancien régime.
«Ils nous prennent pour des dupes. Tous les membres du Parlement et des conseils de région ont été élus par l'ancien régime, la Constitution a été réformée par l'ancien régime», a déclaré Sami Ben Moumen, médecin de 30 ans.
Mohamed Ghannouchi a été le premier ministre de Zine El Abidine Ben Ali de 1999 jusqu'à sa chute le 14 janvier.
L'insécurité s'est à nouveau illustrée vendredi avec la découverte d'un prêtre polonais Marek Rybinski, 34 ans, égorgé dans le hangar d'une école privée à Manouba, près de Tunis. Environ 200 Tunisiens, Polonais, Africains ont assisté hier à une messe célébrée à La Goulette (près de Tunis) à sa mémoire, en présence de l'ambassadeur de Pologne en Tunisie, Krzysztof Olendzki, et de l'évêque de Tunis, Lahham Maroun.
Selon des images diffusées par la télévision nationale, une grande quantité d'argent et de bijoux d'une grande valeur «bien cachés par la famille Ben Ali» ont été découverts samedi dans une bibliothèque du palais présidentiel à Sidi Bou Said. Ils ont été transportés à la Banque centrale.
Le président déchu, qui souffre d'un cancer de la prostate, et sa famille ont fui en Arabie saoudite le 14 janvier après près d'un mois de contestation populaire réprimée au prix de plusieurs dizaines de morts.