Soudan - Le président Al-Bachir se résigne à l'indépendance du Sud

Danse traditionnelle à Djouba, capitale du futur État souverain.
Photo: Agence Reuters Thomas Mukoya Danse traditionnelle à Djouba, capitale du futur État souverain.

Djouba — Confirmant sa récente volte-face, le président Omar Hassan Al-Bachir a tendu la main aux Sudistes mardi à Djouba, chef-lieu du Sud-Soudan, qui, selon toute vraisemblance, se prononcera dimanche par référendum pour la sécession.

Après un demi-siècle de guerre civile, la consultation, à laquelle quelque quatre millions d'électeurs prendont part, devrait consacrer la partition entre le Nord du pays, à majorité musulmane, et le Sud, à dominante chrétienne et animiste, en révolte depuis 1955 contre le gouvernement central de Khartoum.

Le référendum du 9 janvier couronne le processus de paix qui a mis fin en 2005 à un conflit qui a fait deux millions de morts et la visite du président Bachir au Sud semble confirmer que le président islamiste du Soudan s'est résigné à l'indépendance du Sud, qui recèle 70 % des richesses pétrolières du pays.

Nombreux étaient ceux qui redoutaient jusqu'à tout récemment que le Nord fasse tout pour empêcher le détachement du Sud, même au prix d'une nouvelle guerre civile, mais

Bachir a promis par avance d'assister aux cérémonies d'émancipation du nouveau pays africain.

«La prochaîne fois, nous l'arrêterons»

«Notre préférence est l'unité, mais, au bout du compte, nous respecterons le choix des citoyens du Sud, a promis Bachir lors d'un discours prononcé devant les autorités sudistes. On sera triste de cette séparation mais toutefois heureux d'assister à la paix.»

«Même après la naissance de l'État sudiste nous serons prêts, au gouvernement de Khartoum, à offrir tous conseils, formations et soutiens logistiques ou techniques. Nous sommes prêts à aider», a déclaré le président soudanais, inculpé par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye de crimes de guerre dans une autre partie du pays, le Darfour.

Des questions clés ont été remises au lendemain du vote crucial du Sud, qui ont trait à la citoyenneté, au partage des richesses pétrolières, au tracé exact de la frontière et au sort de la région litigieuse d'Abyeï, dont les deux parties du pays se disputent la souveraineté. Un référendum séparé est censé y avoir lieu mais beaucoup doutent qu'ils se déroule jamais.

Les sentiments anti-nordistes sont vifs dans le Sud et un dispositif de sécurité impressionnant avait été mis en place à Djouba, la future capitale, à l'occasion de la visite de Bachir, des militaires armés jusqu'aux dents étant postés à tous les carrefours.

Le chef de l'État soudanais a été accueilli à l'aéroport par des centaines de Soudanais qui scandaient «non à l'unité» et des banderoles réclamant «Respectez notre décision!». Une femme souhaitant garder l'anonymat a confié: «La prochaine fois qu'il viendra, nous pourrons l'arrêter.»

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