Le couvre-feu est prolongé - L'ONU retire une partie de ses effectifs en Côte d'Ivoire

L’ex-président sud-africain Thabo Mbeki (à gauche) a rencontré dimanche Alassane Ouattara à Abidjan.
Photo: Agence Reuters Thierry Gouegnon L’ex-président sud-africain Thabo Mbeki (à gauche) a rencontré dimanche Alassane Ouattara à Abidjan.

Abidjan — La pression internationale est montée hier pour que la crise en Côte d'Ivoire, déchirée entre deux présidents proclamés, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, soit résolue au plus vite, tandis que l'ONU a annoncé le retrait d'une partie de ses effectifs.

«Du fait de la situation sur le plan sécuritaire», les Nations unies ont décidé de retirer leur personnel non essentiel, soit 460 personnes, a indiqué un porte-parole. La mission de l'ONU dans le pays compte plus de 10 000 Casques bleus, policiers et employés civils. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon demeurait «profondément préoccupé» par la crise.

Autre signe que la tension restait forte: le couvre-feu nocturne qui devait s'achever hier, tout en étant allégé de quelques heures, a été prolongé d'une semaine par Laurent Gbagbo.

Interrogé par la radio française Europe 1 sur le fait de savoir s'il était prêt à déloger ce dernier, le premier ministre d'Alassane Ouattara, Guillaume Soro, n'a pas exclu une confrontation. «S'il nous oblige, on n'aura pas d'autre choix», a averti M. Soro, également ministre de la Défense, tout en plaidant pour une issue pacifique.

Dépêché dimanche par l'Union africaine pour tenter une médiation, l'ex-chef d'État sud-africain Thabo Mbeki a exhorté les dirigeants ivoiriens à faire «tout leur possible» pour «préserver la paix», après une nouvelle rencontre avec M. Gbagbo. Il a quitté le pays en fin de journée hier.

Pendant ce temps, la déchirure s'est aggravée entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, qui se déclarent tous deux présidents et ont chacun nommé un premier ministre.

Reconduit par M. Ouattara au poste de premier ministre qu'il occupait depuis 2007 sous la présidence Gbagbo, M. Soro, leader de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui tient le nord depuis le coup d'État manqué de 2002, a réuni hier son gouvernement.

En l'absence d'Alassane Ouattara, la réunion s'est tenue dans le grand hôtel où les deux hommes ont établi leurs quartiers, sous la protection de la mission onusienne et d'éléments FN.

Le président sortant a à son tour nommé dimanche soir son premier ministre, l'universitaire et économiste Gilbert Marie N'gbo Aké.

La Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO) doit tenir un sommet aujourd'hui à Abuja auquel, selon un porte-parole, aucun dirigeant ivoirien n'a été convié. M. Gbagbo a envoyé des émissaires en tournée dans la sous-région à la veille de cette rencontre.

Le monde entier redoute un nouveau cycle de violences après des incidents meurtriers ces derniers jours. Hier matin, des jeunes pro-Ouattara ont manifesté dans les rues des quartiers d'Adjamé, Abobo (nord), Treichville et Koumassi (sud), mettant le feu à des pneus et érigeant des barricades avant que la police ne les disperse à l'aide de gaz lacrymogènes. Seule bonne nouvelle pour les Ivoiriens: les frontières, notamment aériennes, fermées depuis jeudi par l'armée régulière dans la zone sud qu'elle contrôle, ont été rouvertes.

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