L'Afrique du Sud aux prises avec une flambée de violence

Johannesburg — Des foules déchaînées ont investi, au cours de la fin de semaine, les quartiers pauvres de Johannesburg, s'en prenant aux étrangers au cours d'une vague de violence qui a fait 22 morts, selon un nouveau bilan fourni hier par la police.
La violence avait commencé au cours de la semaine dans l'immense quartier d'Alexandra. Les habitants y ont accusé les immigrés, principalement des Zimbabwéens ayant fui l'effondrement économique de leur propre pays, de leur voler les rares emplois et logements disponibles dans l'immense métropole sud-africaine.La pire situation a été enregistrée, selon la police, dans la nuit de samedi à dimanche dans le quartier de Cleveland, au centre de la ville, où vivent nombre de migrants. Deux des victimes ont été brûlées vives, trois autres frappées à mort. Plus de 50 ont été hospitalisées, blessées par balles ou à l'arme blanche.
Selon la police, des bandes criminelles ont en outre tiré profit de ces troubles pour se livrer à des pillages et fusillades, et le président Thabo Mbeki a annoncé dimanche l'ouverture d'une enquête sur cette vague de violence. Johannesburg, capitale économique du pays, attire des centaines de milliers d'immigrés, dont de nombreux clandestins, mais aussi d'autres qui sont installés depuis plus de dix ans et qui possèdent des documents d'identité sud-africains. La violence contre les étrangers est sporadiques depuis des mois, dirigée principalement contre les boutiques tenues par les Somaliens, accusés de concurrence déloyale.
Les derniers actes de violence ont aussi touché Hillbrow, dans le centre, et Tembisa, dans la banlieue, où d'importants pillages et destructions ont eu lieu. La police, débordée, a indiqué qu'un secteur a été transformé en «zone de guerre».
Selon Eric Goemaere, responsable de Médecins sans frontières pour l'Afrique du Sud, l'Église méthodiste centrale de la ville, où s'étaient réfugiés des centaines de Zimbabwéens, a été assiégée toute la nuit. Il a appelé le gouvernement à considérer les Zimbabwéens — qui seraient jusqu'à trois millions en Afrique du Sud — comme des réfugiés et à leur fournir une protection adéquate.
L'archevêque sud-africain Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix, a lancé un appel désespéré au calme, hier.