Somalie - Les obus tombent à Mogadiscio

Fadum Adow patiente dans la cour d’un hôpital de la région de Mogadiscio où les blessés ont continué à affluer hier.
Photo: Agence Reuters Fadum Adow patiente dans la cour d’un hôpital de la région de Mogadiscio où les blessés ont continué à affluer hier.

Mogadiscio — Des obus de mortier se sont abattus sur Mogadiscio hier, au quatrième jour d'affrontements qui opposent les forces gouvernementales et leurs alliés éthiopiens aux rebelles islamistes et qui ont fait de nombreuses victimes civiles.

Des chefs de clan alliés aux miliciens islamistes ont lancé un appel en faveur d'une trêve, qui serait la deuxième en deux semaines dans ces violences que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) présente comme les plus graves depuis plus de 15 ans dans la capitale somalienne.

Rien ne permet de miser dans l'immédiat sur une cessation des hostilités à Mogadiscio, où des centaines de militaires éthiopiens seraient arrivés selon la station de radio privée Shabelle.

La force de maintien de la paix de l'Union africaine a quant à elle enregistré sa première perte samedi avec le décès d'un soldat ougandais. «Nos troupes protégeaient le complexe présidentiel samedi lorsqu'il a été touché par des obus de mortier. Un de nos soldats a été tué», a déclaré à Reuters par téléphone le commandant Felix Kulayigye, porte-parole de l'armée ougandaise.

Quelque 1200 soldats ougandais composent l'avant-garde de la mission de paix de l'Union africaine en Somalie (Amisom), qui doit aider le gouvernement de transition à asseoir son autorité sur ce pays de la Corne de l'Afrique. Deux soldats ougandais avaient été légèrement blessés début mars peu après leur arrivée à Mogadiscio.

Des obus se sont à nouveau écrasés hier aux alentours du principal stade de football de la ville. Tirés du sud de la ville, ils ont commencé à s'abattre sur le centre de Mogadiscio vers 9 h 30, provoquant un mouvement de panique. «Nous sommes bombardés», a déclaré un habitant du quartier de Taoufik qui a demandé l'anonymat. «Les obus de mortier sont tirés du sud de Mogadiscio. Les gens ont très peur.»

Appuyées par des blindés et des hélicoptères, les troupes éthiopiennes ont lancé jeudi une offensive à Mogadiscio contre les rebelles islamistes et les miliciens affiliés aux clans locaux. Mais les combats ont fait de nombreuses victimes civiles et les hôpitaux ont peine à faire face à l'afflux des blessés.

La poursuite des affrontements a éclipsé l'appel à la trêve lancé par les Hawiye, le clan dominant de la capitale. En plus de demander un cessez-le-feu, les chefs de ce clan ont réclamé dans un communiqué le retrait des forces éthiopiennes ainsi qu'une aide internationale pour enterrer les morts et soigner les blessés.

Ils ont en outre exhorté les Nations unies, les États-Unis, l'Union européenne et la Ligue arabe à faire pression sur l'Éthiopie pour qu'elle cesse ses bombardements. «Ce qui se déroule ici est un carnage contre les civils», a dit un porte-parole du clan.

Quelque 10 000 personnes ont fui les combats à Mogadiscio au cours des trois derniers jours, selon les informations recueillies hier sur place par le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Le HCR estime que «près de 56 000 personnes ont fui Mogadiscio en mars, la plupart depuis le 21 mars», a indiqué William Spindler, porte-parole du HCR à Genève. «Cela porte à 96 000 le nombre total de personnes qui ont fui la ville au cours des deux derniers mois.»

Aucun bilan précis du nombre de morts n'était disponible dans l'immédiat. Selon le Comité international de la Croix-Rouge, au moins des dizaines de personnes, ont été tuées depuis jeudi dans ces combats, parmi les pires depuis le début de la guerre civile somalienne en 1991.

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Avec l'AFP

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