Kabila promet de s'attaquer à l'insécurité et à la corruption
Kinshasa — Le président sortant de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a prêté serment hier devant 10 000 invités à Kinshasa, capitale de ce vaste État d'Afrique centrale tout juste sorti d'une longue transition après une guerre de près de cinq ans.
«J'annonce aujourd'hui la fin de la récréation afin que le peuple puisse se consacrer entièrement au travail, et ce, dans la paix et la tranquillité», a déclaré en français le chef de l'État, 35 ans, dans son premier discours à la nation.L'investiture de Joseph Kabila, désigné à la tête de l'État en 2001, puis élu au suffrage universel avec 58 % des voix le 29 octobre, marque un tournant dans l'histoire de ce pays sortant d'une difficile transition lancée après un conflit meurtrier (1998-2003).
Vêtu d'un costume sombre, le regard concentré, le président a prêté serment devant les juges de la Cour suprême de justice, garants de la Constitution, avant de recevoir les armoiries de la République et les félicitations des chefs coutumiers des 11 provinces du pays.
Il est élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois.
Neuf chefs d'État africains assistaient à l'investiture, dont le Sud-Africain Thabo Mbeki, parrain des accords de paix et de la transition en RDC, et le Congolais et président en exercice de l'Union africaine, Denis Sassou Nguesso.
L'ONU, qui a déployé en RDC sa plus importante mission de maintien de la paix avec 17 600 Casques bleus, était représentée par son secrétaire général adjoint, Jean-Marie Guéhenno, et l'Union européenne (UE) par son commissaire au développement, Louis Michel.
Seule absence notable, celle du vice-président Jean-Pierre Bemba, adversaire malheureux de M. Kabila à la présidentielle.
Dès hier, la présidence de l'UE a félicité Joseph Kabila et appelé les Congolais «à travailler ensemble dans un esprit de réconciliation nationale». La France a salué «une étape très importante sur le chemin de la reconstruction et de la stabilité».
Dans un discours volontariste et rassembleur, Joseph Kabila s'est engagé à briser le «cycle de crise» dans lequel son pays est enfermé par le travail, le rétablissement de la sécurité, la bonne gouverne et une lutte acharnée contre le «fléau» de la corruption.
«L'enjeu du développement auquel nous faisons face dépasse de loin les intérêts partisans [...]. Je reste convaincu qu'en démocratie, il y a de la place pour tout le monde», a-t-il souligné, réaffirmant «le statut constitutionnel de l'opposition politique, qui doit jouer son rôle de contrepoids institutionnel».
Il a annoncé la nomination «dans les prochains jours» du premier ministre, poste qui devrait revenir, en vertu d'accords électoraux, au vieil opposant Antoine Gizenga (80 ans), ancien vice-premier ministre de Patrice Lumumba.
Le président a affiché sa «ferme volonté d'éradiquer toute forme d'insécurité» en évoquant les combats entre armée régulière et soldats dissidents qui secouent
l'est du pays depuis la fin de novembre.
Joseph Kabila s'est aussi engagé à ouvrir son pays et à privilégier une «cohabitation pacifique» avec les États limitrophes alors que les relations sont encore tièdes avec les voisins rwandais et ougandais, qui avaient envoyé des troupes appuyer des mouvements rebelles au régime de Kinshasa pendant la dernière guerre.
Joseph Kabila devra avant tout gagner la confiance des bailleurs de fonds alors que la RDC a une dette multilatérale de dix milliards d'euros. Ses marges de manoeuvre financière sont très étroites pour lancer les grands chantiers de la reconstruction de ce pays doté d'immenses ressources naturelles mais où 30 000 Congolais meurent encore chaque mois faute d'accès aux soins élémentaires.