Les partisans des colons se rapprochent de Gaza
Jérusalem — Plusieurs milliers d'ultranationalistes juifs continuaient hier à converger vers la ville israélienne de Sderot, en bordure de la bande de Gaza, où ils comptaient entamer une marche de deux jours jusqu'aux colonies du Gush Katif.
«Demain soir [ce soir] nous reprendrons la marche jusqu'au Gush Katif. Nous le ferons avec détermination mais sans violence», a déclaré Zviki Bar-Hai, un des chefs de file des colons opposés à l'évacuation, mi-août, des 21 implantations juives de Gaza et de quatre des 120 colonies de Cisjordanie.Quelque 15 000 policiers et soldats israéliens se sont déployés aux abords de Gaza pour empêcher les manifestants de contourner les barrages militaires pour aller soutenir, sur place, les colons réfractaires au plan de retrait.
«Nous ne leur permettrons pas de pénétrer dans le Gush Katif», a déclaré à des journalistes le chef de la police locale, Effi Mor.
Dans un premier temps, le gouvernement avait interdit le rassemblement de Sderot, en raison des risques de tirs de roquettes palestiniennes et des affrontements possibles dans le Gush Katif.
Après de longues négociations nocturnes avec le conseil des colons Yesha, la police israélienne a finalement accepté la tenue de ce rassemblement, étant entendu que les manifestants marcheraient ensuite jusqu'à Ofakim, ville située à une vingtaine de kilomètres de Gaza, où ils se disperseraient.
Gideon Ezra, ministre de la Sécurité intérieure, a fait savoir que l'accès à Sderot ne serait autorisé qu'à 5000 manifestants, pas plus. Le Yesha a cependant prévenu qu'il s'en tenait à son projet initial: rallier le Gush Katif «pour sauver l'âme du peuple juif», selon Adi Mintz, l'un des dirigeants de l'organisation.
Les sondages montrent qu'une faible majorité d'Israéliens soutient le projet du premier ministre Ariel Sharon pour «désengager» l'État juif du conflit avec les Palestiniens.
«N'ayez pas la faiblesse de croire que le désengagement n'aura pas lieu ni qu'il sera retardé», a prévenu Ariel Sharon lundi.
Ce retrait concerne environ 9000 colons, soit moins de 4 % des 240 000 colons vivant au milieu de 3,8 millions de Palestiniens, à Gaza et en Cisjordanie.
Les opposants au retrait accusent le gouvernement de trahir des droits bibliques dont disposeraient les Juifs sur ces terres.
De leur côté, les Palestiniens se félicitent de ce départ des colons mais craignent qu'Israël ne cherche en contrepartie à conserver définitivement certains territoires de Cisjordanie, ainsi que l'ont laissé entendre les États-Unis.
La création hier de la future «armée populaire» de Gaza, initiative spontanée de membres du Fatah, sème la confusion au sein des instances palestiniennes qui s'efforcent déjà de contrôler la dizaine de milices existantes.
Quelque 350 hommes ont entamé un entraînement militaire de 45 jours au camp du Fatah à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, où ils suivront également «des enseignements de psychologie, de sécurité et de politique», selon le directeur du centre.
«Nous avons reçu l'ordre d'instruire ces hommes pour qu'ils constituent le noyau de l'armée populaire», a déclaré Mohammad Zoua'roub à Reuters, affirmant que l'initiative venait de Farouk al Kadoumi, dirigeant du Fatah en exil qui n'a jamais accepté les pourparlers de paix avec Israël. Ce dernier a démenti et déclaré à Reuters qu'il n'avait ni l'intention ni l'argent nécessaire pour former des milices.
L'affaire illustre les difficultés de l'Autorité palestinienne, deux semaines avant l'évacuation des 21 colonies juives de Gaza, à contrôler ses propres services de sécurité.
Un haut responsable du Fatah, proche du président Mahmoud Abbas, a expliqué que la création de ce nouveau groupe n'avait jamais reçu l'aval des dirigeants palestiniens. L'Autorité autonome n'a cependant rien tenté pour interrompre l'entraînement.