Irak - Des sunnites quittent le comité de rédaction de la Constitution
Bagdad — Un mouvement sunnite a annoncé hier le retrait de ses membres du comité de rédaction de la Constitution irakienne après l'assassinat la veille de deux de leurs collègues, mais les responsables de cette instance ont indiqué n'avoir pas été informés d'une telle décision.
Mardi, une source au ministère de l'Intérieur avait indiqué que les victimes étaient tous des rédacteurs de la Constitution.«Notre mouvement a eu deux morts et aujourd'hui nous avons demandé aux quatre autres représentants de se retirer de ce comité», a déclaré Salah al-Moutlaq, porte-parole du Conseil de dialogue national lors de la cérémonie funéraire à la mosquée Oum al-Qoura, siège du Comité des oulémas musulmans. Sur les 71 membres du comité de rédaction de la Constitution, 17 sont des sunnites.
Deux membres sunnites du comité de rédaction, Mijbil Al Sheikh Issa et Zamer Hussein, ainsi que leur conseiller Aziz Ibrahim, ont été tués mardi à Bagdad par des hommes armés, alors qu'ils circulaient dans la rue Saadoune à bord d'une voiture conduite par un chauffeur.
M. Moutlaq a accusé les partisans du «démembrement de l'Irak» d'être les auteurs de l'attentat. «Tous ceux qui s'opposent à la division de l'Irak sont condamnés à mort. Nous sommes opposés au projet de fédéralisme dans la Constitution car c'est le début de la division de l'Irak. Nous sommes un pays uni et n'avons pas besoin d'un projet pareil», a affirmé M. Moutlaq.
Les Kurdes et une grande partie des chiites sont favorables à Irak fédéral avec des régions autonomes, ce que refuse la majorité des sunnites.
L'intégration des sunnites à la commission est la pierre angulaire d'une stratégie gouvernementale appuyée par les États-Unis qui vise à persuader des membres de cette minorité de quitter les rues pour privilégier une activité politique sans violence.
«Le moment n'est pas propice pour écrire la Constitution et nous pensons qu'il n'est pas possible pour nous de continuer à travailler dans une telle atmosphère», a-t-il dit.
M. Moutlaq a annoncé que son mouvement, qui regroupe plusieurs partis sunnites, avait commencé à prendre contact avec les autres formations sunnites ayant des membres dans le comité, pour qu'il y ait une décision de se retirer collectivement.
Pour sa part, le président du comité de rédaction, cheikh Houmam Hammoudi, a affirmé que les autres membres sunnites lui avaient indiqué «que c'est un devoir national [pour eux] de continuer à travailler avec nous et nous leur avons proposé de leur fournir des gardes du corps et une protection».
Selon le New York Times d'hier, une version du projet de Constitution conférerait une importance accrue à la loi islamique (charia) en restreignant les droits des femmes sur des questions comme le divorce et l'héritage.
L'un des principaux enjeux de la Constitution est le rôle imparti à la religion. Nombre d'Irakiens à la piété fervente tiennent à voir présenter l'islam comme la source du droit dans leur pays, d'autres jugeant préférable qu'il ne soit qu'une source parmi d'autres.
Les délégations de pouvoirs aux régions et la redistribution des revenus pétroliers comptent parmi les autres points en débat.